De l’emploi, le Luxembourg en crée toujours. Moins qu’auparavant mais tout de même. Sauf que face aux besoins, trois quarts des entreprises du pays reconnaissaient, l’an passé, avoir peiné à recruter. En cause : le manque de candidats. Résultat, faute de CV à lire et d’entretiens d’embauche à mener, la moitié ont réagi en recrutant sur la Grande région des personnes ne correspondant pas exactement au profil attendu, les ont ensuite formées (49 %) ou ont aussi revu à la hausse le salaire proposé (27 %).

Et si la liste des métiers en tension ne cessent de s’allonger, le phénomène semble bien plus marqué parmi les métiers ne nécessitant pas de diplômes universitaires. Le constat vient d’être tiré par une étude du Liser (Luxembourg institute of socio-economic research) dont deux économistes se sont penchés sur les possibles freins à l’embauche qui ralentirait ainsi la vie économique.

En recroisant les données disponibles, Ludivine Martin et Laetitia Hauret ont ainsi listé 6 facteurs qui pourraient s’avérer dissuasifs. Comme par exemple, le salaire. Car, même si le niveau des revenus proposés au Grand-Duché est bien supérieur aux rémunérations versées ailleurs (notamment pour le salaire minimum), il ne correspond toutefois pas aux attentes de celles ou ceux que les sociétés attendent.

Des risques, des risques, des risques

Travaux en extérieur, tâches répétitives, missions physiques : la plupart des métiers en tensions imposent cela, et… la paye ne suivrait pas finalement. D’autant qu’il apparaît que même si le salaire horaire est relativement identique parmi les métiers en pénurie que dans les autres emplois couverts, le niveau des primes ou des heures supplémentaires dans le revenu global est bien moindre.

Dans les secteurs en pénurie, il apparaît aussi que les entreprises sont moins axées vers la formation de leur effectif. Elles ne seraient qu’un tiers (32 %) à miser sur ce renforcement des compétences, contre 43% dans les domaines connaissant moins de problèmes de recrutement.

Les métiers non-qualifiés en manque de bras s’avèrent aussi être les plus précaires. Cette absence de “sécurité de l’emploi” peut donc détourner les possibles recrues vers d’autres choix professionnels. 21% des salariés en poste dans des qualifications sous-tension estiment le risque de perdre leur emploi dans les 6 mois, contre 7 % dans les autres secteurs.

Risque aussi il y a aussi dans la nature même des activités proposées aux personnes ne disposant pas d'un diplôme d'études supérieures. Exposition à la chute, aux produits chimiques, au bruit ou à la poussière sont autant de points qui peuvent clairement freiner les ardeurs à signer un contrat de travail. L'étude du Liser estime ainsi que les travailleurs exerçant un métier en pénurie font face à 2,4 fois plus de risques de sécurité au travail.

La conciliation vie pro-vie privée semble aussi plus compliquée pour les métiers en attente de candidatures. Pratiquer ces activités nuiraient ainsi a priori à la possibilité de passer du bon temps avec sa famille ou ses amis. Tout comme il apparaît que le "climat de travail" dans les entreprises proposant des jobs en tension n'est pas le plus attirant.

Si en matière de harcèlement, aucune différenciation n'apparaît en comparaison avec la plupart des milieux professionnels au Luxembourg, le soutien des collègues ou de la hiérarchie semble être plus faible quand il s'agit des sociétés où, au final, nul ne se presse pour répondre aux offres d'emplois...

 

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