Les 16 et 17 novembre, levez les yeux au ciel. Il se pourrait bien qu’au milieu des nuages surgisse… Superjhemp. Oui, toujours aussi ventripotent, maladroit, grossier mais efficace le personnage légendaire de la bande-dessinée grand-ducale revient. Cape rouge sur le dos, masque sur le nez : le bonhomme est attendu au Salon du livre de Walferdange pour un come-back que ses fans n’espéraient plus.

Certes, il ne s’agit pas d’un nouvel album, au sens strict. « Après tout, avec le dessinateur Roger Leiner on en a signés une trentaine, ça fait déjà suffisamment de lecture ! », s’amuse Lucien Czuga qui a imaginé chacune des aventures de l’unique super-héros “”made in Luxembourg”. Mais le scénariste avait encore une envie : traduire enfin une histoire de sa créature dans la langue de son homologue tricolore Superdupont, le français. C’est désormais chose faite !

« Quand Roger était encore de ce monde, impossible de le convaincre que ce serait bien de faire parler autre chose que le luxembourgeois à Superjhemp, relate Lucien Czuga. Déjà qu’il estimait que traduire Astérix & Obélix autrement qu’en français faisait perdre sa saveur à l’histoire, alors rendre polyglotte son “bébé” relevait de la mission impossible… »

Mais entre les deux complices, un accord avait été trouvé : le 1er qui disparaitrait n’emporterait pas Superjhemp dans sa tombe ; libre au partenaire d’en continuer les péripéties. « Il me fallait juste un déclic… » Finalement, c’est une petite maison d’édition basée à Nantes (Patayo) qui est venue réveiller le désir d’une VF.

Pourtant voilà encore deux ans, Frédéric Fourreau, patron de Patayo, n’avait jamais entendu parler du super-héros (grognon et empoté certes, mais qui a déjà écoulé 400.000 albums !). « C‘est le président du festival SoBD de Paris qui m’a suggéré l’idée. Il faisait du Luxembourg l’invité-vedette de son édition 2024, il voulait marquer le coup... »

Rapidement, le directeur éditorial a eu le coup de foudre pour les planches luxembourgeoises, le graphisme, le sens du récit. « Depuis 4 ans, j’ai débuté une collection baptisée “Des cases, des lignes, des mondes” dont le but est d’explorer la BD internationale pour montrer combien ce genre du 9e Art est aussi varié qu’universel. J’avais travaillé avec un Taïwanais sur un projet encre et pinceau; un Chinois qui, sur un livre-fresque de 18 mètres, raconte en une séquence dessinée un an de sa vie et un Québécois qui avait fait un récit sur une seule ligne. Revenir en Europe, avec un bon super-héros au caractère bien trempé, ça m’a fait un bien fou ! »

Et l’enthousiasme s’est vite transmis pour démanger la plume de Lucien Czuga : « Ce que j’ai pu rigoler en rouvrant le 1er album De Superjhemp géint de Bommeléer paru en 1988 (du coup devenu “Superjhemp contre l’exploseur”) pour le passer à la moulinette de la langue de Molière. Les gags, les illustrations, tant de souvenirs… ».

De cases en bulles, celui qui fait d’un banal fonctionnaire d’État le plus brave des Luxembourgeois, a fini de se convaincre que la traduction valait la peine. « Superjhemp a une place à part dans le cœur des habitants mais je pense qu’il sera tout autant apprécié des francophones, des frontaliers belges et français. Certes, dans l’album, il y a plein de clins d’œil à la faune locale (nos politiques, nos peoples… ) et j’ai conservé les expressions ou les mots les plus populaires, mais le lecteur ne se perdra pas : le récit est trop drôle. »

Clin d’œil à la centrale nucléaire Cattenom, apparition subliminale du Kachkéis – la cancoillotte – récit des années mouvementées où le Grand-Duché était secoué par une série d’attentats (« dont les auteurs n’étaient autres que ceux qui les commettaient, rien que ça c’est du grand Guignol savoureux !» et autres portraits des petites manies du pays : le plaisir reste intact même 36 ans après la sortie de l’album original.

1.200 exemplaires d’abord

On n’est jamais sûr de rien avec Superjhemp, à commencer par son efficacité à résoudre des énigmes. Mais une certitude : le bonhomme est aussi chauvin que… bankable ! En 2006, ses aventures en BD étaient ainsi le livre le plus vendu au Luxembourg. Et qu’il quitte le format papier pour le grand écran ne nuit pas à son succès : en 2017, le film Superjhem retörns a attiré 70.000 spectateurs. De quoi faire dire à son scénariste, avec un brin de tendresse : « Pas de doute, le vieux vieillit bien ! »

Pour cette 1ère traduction française, l’album sera d’abord édité à 1.200 exemplaires. Avec les premiers acheteurs attendus donc mi-novembre au Salon  du livre de Walferdange (avec dédicaces). « La BD sortira en France le 17 janvier dans les “bonnes librairies” comme on dit, sourit son éditeur Frédéric Fourreau. Mais l’on pourra avant la précommander sur le site des éditions Patayo. Genre pour Noël ! » 

 

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