Pourquoi cette rivalité entre les Wallons et les Flamands ?
Publié
par
CaptainListe
le 18/06/2020 à 08:06
2 commentaires
Cela fera bientôt deux siècles que la blessure déchire ce pays généreux dont les habitants vous offrent de si belles amitiés, souriantes et sincères !
La faute initiale
À l’indépendance, après la révolution de 1830 contre Guillaume 1er roi des Pays Bas, on choisit le français comme langue officielle de la Belgique. C’est la langue des nobles, la langue des bourgeois, la langue de la Wallonie réputée beaucoup plus riche que la Flandre. Les néerlandophones au nord, les francophones au sud… on garde ses distances.
L’humiliation
Au fil du temps, les Flamands se sentent de plus en plus humiliés, d’autant que nombre d’épisodes dramatiques surviennent, qui contribuent à accroître la rupture entre les deux régions.
• Durant la première guerre mondiale, c’est l’hécatombe pour les Flamands, qui perdent la vie dans les tranchées parce qu’ils ne comprennent pas les ordres des officiers wallons…
• Dans les années 50, les Flamands souhaitent que Léopold III règne. Les Wallons ne veulent pas. De violentes émeutes en Wallonie amènent le roi à abdiquer au profit de son fils, Baudoin Ier.
• La Flandre connaît un fort développement économique et dépasse la Wallonie, ce qui renforce le sentiment d’injustice…
• À partir de 1918, les mouvements séparatistes cristallisent l’exaspération.
Les concessions
• En 1930 le néerlandais devient la langue principale à l’université de Gand, qui jusque-là, était francophone.
• À la suite d’un conflit, l’université de Louvain officialise le néerlandais à l’université Leuven.
• De même, la Vrije Universiteit est dérivée de l’Université libre de Bruxelles.
Pourtant, aucune de ces initiatives n’empêche la séparation linguiste du pays en 1962.
Lire> Petit guide pour comprendre vos collègues belges
Bruxelles, ma belle
En fait, les Flamands et les Wallons pourraient vivre en bonne intelligence… chacun chez soi. À condition, par exemple, de respecter ce que les Flamands nomment le droit du sol qui oblige les Wallons qui vivent en Flandre à respecter les usages et la langue du pays…
Cependant il y a un lieu où Flamands et Wallons doivent obligatoirement se côtoyer. C’est Bruxelles, la belle, c’est Brussel la capitale bilingue ! C’est donc là qu’éclatent les conflits. Chaque groupe veut ses écoles, ses députés, sa langue ! Faudrait-il construire un mur entre Brussel et Bruxelles pour éviter cet antagonisme permanent ? Pour les Wallons, comme pour les Flamands, amoureux passionnés de la capitale de leur plat pays, c’est parfaitement impensable !
L’impossible divorce
En fait, le seul point où se rejoignent ces adversaires de toujours, c’est leur attachement à Bruxelles, leur affection pour Brussel. Sans elle, ils se tourneraient le dos depuis longtemps. Ils se fâchent à cause de Bruxelles, mais ne divorcent pas à cause de Brussel. À moins que ce ne soit : ils se fâchent pour Brussel, mais ne divorcent pas pour Bruxelles !
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Iperia
Je rejoins le très exact commentaire de Jeanpi. Je suis toutefois nettement moins indulgent face à cet article. Il ne s'agit pas moins que d'un dangereux ramassis de mensonges et d'inexactitudes historiques dont je m'étonne que l'auteur ait pu croire pertinent d'en faire un article. A t-il seulement consulté une source historique fiable avant de s'ateler à la rédaction de ce torchon ?
Car dès les premières lignes les informations sont fausses. Le français fut choisi à la révolution belge de 1830 car il était la langue véhiculaire des élites bourgeoises et nobles du pays. Mais aussi car l'on venait de mener une révolution contre un roi hollandais qui imposait à tous la langue néerlandaise. Enfin, parce que la région qu'on appelle aujourd'hui la Flandre était composée d'une multitude de parlers locaux qui, souvent, n'étaient que très peu intelligibles entre eux (sans langue unifiée donc). Il n'est absolument pas question de Wallonie (ou de Flandre, les deux concepts étant d'invention récente) à cette époque. Et certainement pas d'un sud qui aurait imposé sa langue au nord, les wallons parlant à l'époque... le wallon (et ses nombreuses variations) et pas le français.
Relayer les mensonges sur la mort des flamands dans les tranchées parce qu'ils ne comprenaient pas les ordre en français est encore plus grave, cette affirmation ayant longtemps nourri les mouvements flaminguants alors qu'elle fut rapidement invalidée par les historiens. 1) Il ne s'agissait pas "d'officiers wallon" ! De façon générale les officiers étaient issus de la bourgeoisie, qu'elle soit du sud ou du nord du pays (et la majorité des officiers étaient issu de la flandre actuelle), bourgeoisie qui depuis toujours parla français. Vous tombez dans une affirmation classique du mouvement flaminguant pour qui un belge francophone est "forcément un wallon". 2) Comment les soldats wallons comprenaient t-ils les ordres, eux qui ne parlaient pas, non plus, le français ? 3) Il y avait des traducteurs partout dans les tranchées et les sous officiers étaient bilingues 4) A la guerre, surtout la première, les ordres sont simples et s'apprennent vite, les coups de siflet, c'est universel, comment les poilus français qui ne parlaient que leur dialecte comprenaient les ordres en français ?
Vous parlez des flamands qui veulent que Léopold III règne alors que les wallons pas, sans expliquer la cause de ces différends. La Wallonie pendant la seconde guerre mondiale a bien plus souffert que la Flandre. En cause, la position géographique des combats mais aussi la "Flamenpolitik" menée par l'occupant, qui, dans un but de division du pays et de germanisation du territoire, octroyait à tous les prisonniers de guerre néerlandophones le droit de retourner chez eux alors que les wallons restèrent prisonniers des camps jusqu'en 1945. La collaboration avec l'ennemi fut également proportionnellement plus importante au nord qu'au sud. Dans ce contexte, Léopold III fut accusé d'avoir "prit du bon temps" pendant la guerre, s'étant remarié alors qu'il était "prisonnier" des allemands. Les wallons, assez logiquement, votèrent ainsi massivement contre son retour au pays.
L'université de Gand avait déjà été flamandisée avant 1930 par les allemands durant la première guerre mondiale (puis annulée après-guerre), pour mieux diviser le pays et avantager les flamands que les allemands considèrent comme "germains".
Votre phrase "à la suite d’un conflit, l’université de Louvain officialise le néerlandais à l’université Leuven" est laconique et bien partiale. Ce conflit est sans doute le plus grave de notre histoire. Les francophones ont été littéralement chassés de la ville de Leuven et de son université qui jusque là était et avait toujours été multilingue. Les étudiants flamands scandaient alors "walen buiten", littéralement, "les wallons dehors", slogan qui faisait écho au "juden raus" de l'Allemagne des années 30.
La partie de l'article sur l'attachement des deux groupes à Bruxelles semble féérique mais, franchement, faisons preuve de bon sens. Bruxelles est le plus grand poumon économique du pays et un grand nombre de belges non bruxellois viennent chaque jour y travailler. Ce sont ces intérêts économiques qui priment. D'autre part, Bruxelles n'est pas le lieu de coexistence des flamands et wallons. Bruxelles est une ville brabançonne où le français est progressivement devenu dominant (plus de 92% aujourd'hui). Ces brabançons "francisés" auxquels s'ajoutent des wallons et flamands qui y ont émigré ainsi qu'une importante communauté internationale ne sont ni flamands, ni wallons. Ces personnes (du nombre de 1 200 000 tout de même) se sentent Bruxelloises et bien éloignées de la dialectique flamands/wallons que l'on présente toujours.
Je suis navré de devoir écrire ce commentaire long et ennuyant mais ne comprenez-vous pas que publier un article sur internet, à la vue de tous, vous donne une responsabilité quant à l'exactitude de son contenu ? A l'heure des "fake news" et de la manipulation des masses votre responsabilité en tant qu'auteur de contenu est encore plus grande et il est navrant de constater que, du moins pour cet article, vous n'en êtes pas à la hauteur.
Comme le fait remarquer Jeanpi, peut-être serait-il sage de laisser ces épineuses questions aux historiens, ou de faire preuve d'un vrai travail de recherche la prochaine fois que vous écrirez un article sur un sujet similaire.
Merci de votre lecture.
jeanpi
Beaucoup de choses intéressantes et vraies ...mais quelques ereurs également,
Cette histoire d'hécatombe parmi les soldats flamands qui n'auraient pas compris les ordres en français est ce qu'on appellerait aujourd'hui une "fake news". Les statistiques et les historiens ont prouvé depuis longtemps qu'il n'en n'était rien. Il n'y a d'ailleurs pas eu d'hécatombe dans l'armée belge, contrairement à ses alliés français et britanniques. Cette rumeur a été entretenue car elle soutenait la rancoeur des Flamands par rapport aux francophones.
Autre erreur: il n'y avait pas à la révolution une Wallonie francophone riche qui aurait imposé le français aux pauvre néerlandophones du nord. Le néerlandais, était la langue des occupants hollandais qu'on venait de chasser : au nord régnaient des parlers flamands divers et au sud des parlers wallons, sans oublier Bruxelles et son célèbre "brusselaire". Le français, au nord comme au sud et dans la capitale, était la langue de la bourgeoisie, des élites cultivées, y compris dans des villes comme Gent ou Louvain. C'est en effet lui qui a été choisi. Un choix logique à l'époque le français étant la seule langue commune, mais qui avec le temps a pesé de plus en plus lourd pour les populations flamandes. A cela s'ajoutait le fait que le sud du pays était riche de ses industries, ce qui n'était pas le cas du nord... autre rancoeur.
La conclusion de tout cela c'est qu'il faudrait peut-être laisser aux historiens et aux amateurs de polémiques ces histoires d'un autre temps. Il n'est pas certain que l'intérêt de la Belgique, et même des Flamands qui ont aujourd'hui le vent en poupe, soit de poursuivre ces luttes clochemerlesques...