Comme la Grande-Duchesse Maria Teresa et le ministre Xavier Bettel, faites-vous partie des près de 98.000 personnes suivant quotidiennement les blagues aiguisées du compte Instagram Memes of Luxembourg? Les “mèmes”, ce sont ces images ou ces vidéos détournées de façon parodique sur les réseaux sociaux et qui se répandent à vitesse grand V jusqu’à susciter du buzz. Actualité, coût élevé de la vie au Grand-Duché, météo, crise du logement… le compte humoristique lancé fin 2022 a connu une croissance fulgurante. Résultat : ces vidéos cumulent des millions de vues.

Des chiffres particulièrement impressionnant dans un pays qui ne compte “que” 672.050 âmes, dont environ la moitié d’utilisateurs d’Instagram. Parmi les adeptes de ces plaisanteries en anglais souvent très inspirées, il y a évidemment les résidents, en grande majorité, mais aussi de nombreux frontaliers, et de potentiels futurs arrivants, pour qui le compte fait véritablement office de vitrine du Luxembourg.

« Pas d’intérêt à dévoiler mon identité »

Le projet Memes of Luxembourg a initialement été lancé « pour le fun », un jour de novembre 2022, et qui a vu sa notoriété exploser. Il y a environ un an, le compte comptait environ 17.000 abonnés. Aujourd’hui, c’est 80.000 de plus. Soit près de 200 nouveaux suiveurs par jour.

« Je ne pensais pas qu’autant de personnes pouvaient suivre un compte de mèmes au Luxembourg. C’est une croissance exponentielle », assure son créateur, qui peine aujourd’hui à préserver le mystère sur son identité. « De plus en plus de personnes sont au courant, des personnes qui m’ont vu publier dans le bus, des gens qui n’ont pas su garder le secret… Il n’y a pas d’intérêt pour moi à dévoiler mon identité, c’est un compte de mèmes, les gens le suivent pour les blagues, c’est tout ce qui compte…», sourit celui (ou celle) qui conçoit  son contenu seul-e et produit trois ou quatre publications quotidiennes avec une dérision déconcertante.

Une enquête interne

L’inspiration, il ou elle la puise dans le quotidien luxembourgeoise : actualité locale et internationale, sujets de conversation préférés des résidents et frontaliers, et parfois, les conditions de travail dans des secteurs bien connus du marché du travail du pays. Des thèmes taclés avec un humour tantôt audacieux, tantôt provocateur.

Devant la viralité de certaines publications, un grand employeur du pays a même décidé de mener une enquête interne pour tenter de démasquer, parmi ses employés, qui pouvait se cacher derrière le compte. Une initiative qui a fait chou blanc mais prise très au sérieux par le créateur du compte. Un geek qui a déjà fait le choix de retirer une publication qui avait suscité la polémiques.

Aujourd’hui, le compte est capable d’atteindre 10 millions d’utilisateurs, selon les statistiques fournies par la plateforme. Une audience qui a permis de nouer plusieurs partenariats, rémunérés ou non.

« C’est un plus, mais c’est loin d’être une priorité. Faire des mèmes ne demande pas beaucoup de temps, moins d’une heure par jour. Parfois, seulement 5 minutes, selon l’inspiration. Mais nouer des partenariats est une autre histoire et je dois garder à l’esprit que j’ai un travail », ajoute le mystérieux créateur de contenu.

Quant à savoir si ses blagues atteignent désormais les couloirs du Palais du Grand-Duc ou son héritier, il préfère ne pas s’enflammer : « Pour l’instant, je n’ai pas reçu d’invitation de la cour grand-ducale »…

 

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