Les jeteurs de mégots n’ont guère de souci à se faire
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 10/02/2025 à 11:02
![](https://www.lesfrontaliers.lu/wp-content/uploads/2025/02/cigarette-megot-Luxembourg-tabac-726x363.jpg)
Le tabac, ce n’est ni bon pour la santé, ni bon pour la nature quand les fumeurs préfèrent abandonner leur mégot dans la rue ou dans la nature. Un geste encore (trop) souvent pratiqué visiblement puisque le ministère de l’Environnement estimait encore, voilà quelques mois, que 100 millions de restes de clopes se trouvaient sur le sol luxembourgeois… Et de lancer, en octobre dernier, une campagne d’information pour tenter de réduire ce littering.
Si l’argument environnemental ne suffisait pas à convaincre les “fumeurs-pollueurs” de l’importance du cendrier pour récolter leurs filtres notamment, il y était question de la sanction financière risquée pour ce geste inconsidéré. Ainsi, une amende 149 euros pouvait être infligée si l’infraction était constatée. Déjà, certain-e-s tremblaient…
Une récente intervention du ministère de l’Environnement luxembourgeois va vite les rassurer sur ce risque… « Aucun avertissement taxé n’a été prononcé par les agents municipaux » en 2024, doit reconnaître Serge Wilmes. Un aveu sans doute bien amer…
Une lourde addition
Certes l’idée n’est pas de défendre le “tout répressif”. Mais en l’occurrence, il s’agit de constater que soit la loi n’est pas appliquée, soit elle n’est pas applicable. Comme, individuellement, nous avons tous pu être témoin d’un jet inconsidéré de mégots, il faut croire que les agents sont moins vigilants sur la question.
Ne serait-il pas temps que le sujet soit pris au sérieux tout de même. Car derrière ce déchet de quelques centimètres se cache une véritable source de pollution. Pollution visuelle dans nos paysages urbains ou campagnes d’abord. Et comme ces rebuts mettent des décennies à se décomposer, ils ne sont pas près de disparaître de notre vue.
Pollution des sols et rivières ensuite. En effet, un mégot de cigarette doit bel et bien être considéré comme un “résidu toxique“. Ils ont ainsi absorbé une partie des 4.000 substances nocives présentes dans une cigarette et contiennent donc nicotine, hydrocarbures aromatiques et métaux lourds qui (faute de rester dans un cendrier) sont transmis à l’environnement. Une détérioration du milieu qu’il faut ensuite traiter via des systèmes de dépollution coûteux.
On pourra aussi ajouter à l’addition les frais de nettoyage qu’entraînent ces “dépôts” de mégots sur la chaussée ou dans les axes piétons… Des dépenses dont se passeraient bien volontiers les villes, et donc vos impôts !
Serge Wilmes, interpellé sur les sanction en lien avec le littering, n’aborde pas ces sujets. Le ministre préfère rappeler qu’au pays du “tabac à la pompe”, les « producteurs des produits du tabac avec filtres ou de filtres commercialisés pour être utilisés en combinaison avec les produits du tabac » sont contraints de mettre en œuvre des actions préventives « visant à limiter l’abandon des filtres de cigarettes».
Cela passe essentiellement par le financement de « mesures de sensibilisation ». Visiblement, elles ne font pas un tabac !
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