« Je me souviens la première fois que je les ai vus… » Comme David Vincent a rencontré les extra-terrestres, Julien Strelzyk a vécu, jeune, l’expérience inédite pour un môme de Metz de croiser des… Luxembourgeois. En chair et en or, pourrait-on dire à entendre le quadra raconter ce souvenir de lycée: « C’était des Américains ces mômes. Ils arrivaient dans mon lycée, ils avaient déjà leur appartement, ils sortaient dans des soirées incroyables. Ils parlaient quatre langues, on avait déjà du mal avec la nôtre (…)  Et puis quand ils nous invitaient à Lux-ville, c’était comme se retrouver à Las Vegas et Disneyland réunis ».

Depuis, la vie a passé. Julien a grandi, trouvé sa vocation d’humoriste. Par « obligation familiale », comme il dit en souriant, il vit désormais à Longwy. « J’avais donc pas le choix : pour survivre là-bas, faut écrire des sketches !», rigole-t-il en se souvenant de ses instants qui l’ont amené à créer ses spectacles. “Santé !“, “Ça passe trop vite” ou encore dernièrement “L’argent immobilier“. « Et puis, au fil du temps, j’avais plein de notes sur les frontaliers, le Luxembourg, les relations je t’aime/moi non entre nos deux pays, la vantardise des uns, le drôle d’accent des autres. Les coqs d’un côté, le lion de l’autre et ça a fait tilt : y avait moyen de chambrer les Luxembourgeois et de défoncer les Français en même temps !» “Villmos merci !” était né.

Sans peur, c’est au et à Luxembourg que Julien Strelzyk est venu défendre ce spectacle pour la première. Salle comble au Conservatoire, « bing victoire à l’extérieur ! » résume-t-il. Dix mois plus tard cette date du 25 janvier lui reste en mémoire. Cela même si depuis “Villmos merci !” a connu d’autres salles, d’autres publics, est devenu plus (im)pertinent aussi.

Ce 23 novembre, le spectacle sera donné à Téterchen en Moselle-Est, le 29 à Volstroff à deux pas de la frontière, le 7 décembre et le 10 janvier 2025 à Metz. « Il y a peu, j’ai joué sur terrain neutre, à Arlon. Là, ça prenait une autre dimension. Il y avait des frontaliers belges qui, eux, ont une perception encore un peu différence de celle des Français et qui, surtout, n’avaient aucune retenue pour se moquer d’eux-mêmes, des “bossolux” ou de ces drôles de zèbres que sont parfois les Luxos. »

Et ne croyez pas que, comme d’autres rigolos de passage, l’ami Strelzyk se contente de vanner sur le niveau de vie des uns et l’envie d’en croquer des autres, Julien a vu plus loin dans l’écriture. « L’idée, c’était aussi de montrer que France-Luxembourg, c’est un couple dysfonctionnel, le grand et le petit, une bataille perdue d’avance mais qui selon le domaine change de vainqueur aussi. Alors, je déroule la bobine en parlant de nos différences/points communs culturels, économiques, sportifs, mœurs, rythme au quotidien et même je plaisante sur nos armées respectives si elles venaient à se retrouver sur le champ de bataille. L’idée, c’est de prendre les rires à contre-pied chez tout le monde. »

En plus, au fil des représentations et de sa carrière, le plaisantin lorrain a vu combien la scène humoristique se développait vite au Grand-Duché. Plutôt signe que le public local aime rire, y compris de lui-même. « En réalité, on fait semblant de se chicailler entre voisins, mais à la première occasion, on tombe dans les bras l’un de l’autre. C’est cela ce que j’aime dans notre relation entre Français et Luxembourgeois. On ne sera jamais pareil mais qu’est-ce qu’on se ressemble. Même que des fois, ça peut faire peur ! »

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