Lundi, le Guide Michelin dévoilera à Metz la liste des chefs retenus pour rejoindre le firmament des cuisiniers. Une pluie d’étoiles sur la capitale mosellane qui, avant de célébrer les as de la gastronomie, lève déjà les yeux au ciel. Il s’agit d’admirer la Maison Heler qui vient, enfin, d’ouvrir. Un hôtel d’ores et déjà calibré 4 étoiles et qui accueillera cuisiniers de renom et journalistes suivant la plus savoureuse remise de prix et son plateau d’animations.

Mais la cité messine compte déjà près de 700 hôtels, alors un de plus ou de moins… Sauf que celui-ci n’est à nul autre pareil. Il est charmant, empli de rêveries, de mystères et même de tragédie. Ce n’est pas une construction de 14 étages, c’est une folie. Et tout le génie en revient à Philippe Starck qui a fantasmé cette tour sur laquelle est venue se poser une bâtisse d’un autre siècle (XVIIIe) sans doute menée là par une cigogne (l’architecture est alsacienne).

Si le bâtiment ne peut qu’attirer les regards du dehors et les propos admiratifs du dedans, son concepteur en a fait plus qu’une œuvre architecturale. En effet, c’est un conte qui a pris vie au travers de cette construction.

Il était une fois… Ce pourrait être les premiers mots du majordome qui accueillera les hôtes ayant réservé une des 119 chambres. Il était une fois Manfred Heler. Un vieux garçon rêveur et solitaire, se perdant dans ses pensées au milieu d’une grande maison. Quand il n’invente pas, l’homme s’émerveille. Son cœur battant pour la charmante et fantasmée Rose. Et puis un jour, comme ses pensées, Manfred s’est envolé…

Dans l’hôtel, du bar aux couloirs en passant par les tables du restaurant, tout rappelle cette histoire imaginaire. Avec des détails disséminés un peu partout, un alphabet mystérieux, des symboles à déchiffrer pour mieux être séduit par les lieux. C’est surréaliste, poétique mais tout ce qu’on attend pas dans ce type d’établissement ! Pari gagné pour Starck !

Ouverte depuis ce 27 mars, la Maison Heler aura aussi connu son lot de mésaventures. Bien réelles celles-là. Retards de chantier, crise Covid mettant la construction à l’arrêt, disparition encore inexpliquée d’un des promoteurs du projet (le notaire Yvon Gérard), hausse des prix des matériaux nécessitant de revoir le financement de l’ensemble, etc.

Mais tout cela appartient au passé (hormis l’affaire du notaire…). Place maintenant aux clients en chaire et en os, au ballet des quelque 70 personnels de l’hôtel et, qui sait, aux apparitions du fantôme de Manfred. Certains l’auraient déjà vu rôder dans la quartier de l’Amphithéâtre…