2025 marque la fin d’une époque : les chèques-repas papier qu’une partie des salariés du Grand-Duché perçoivent de leur employeur vont disparaître du quotidien. Déjà, depuis le 1er janvier, ils ne sont plus émis. Celles et ceux qui en avaient encore dans leur sac ou dans la poche doivent se reporter à la date d’usage imprimée pour connaître l’ultime délai pour les remettre lors d’un passage en caisse ou dans un point de restauration.

Au Luxembourg, le nombre exact d’employés bénéficiant de cet avantage n’est connu que des différents prestataires. Ils sont quatre à se partager le marché : Up, Pluxee, Edenred et Edonys et ils se gardent bien d’informer la concurrence sur ce chiffre. Les estimations tournent autour de 110.000 bénéficiaires.

Les bons sont désormais entièrement remplacés par une carte plastique sur laquelle les titres sont enregistrés. Cette numérisation devrait présenter de nombreux avantages. D’une part, cela facilitera la tâche des employeurs. Ils n’ont plus à commander régulièrement de nouveaux “chéquiers” et les distribuer individuellement à leurs personnels. Boulangers, points chauds, restaurateurs et autres supermarchés n’auront plus non plus à se battre avec cet “argent de substitution” (notamment sur le rendu de la monnaie).

Dans la machine à laver

La carte plastique (dont de nombreux actifs disposent déjà) présente « aussi des avantages pour les utilisateurs », comme l’explique Alicia Brun du prestataire Up. Il ne pourra plus arriver, par exemple, que les titres-restaurant se perdent, soient oubliés ou finissent dans la machine à laver par négligence. « Le nombre de titres-restaurant périmés au Luxembourg doit être considérable », estime aussi Alicia Brun.

En revanche, la carte numérique peut être remplacée en cas de problème technique, perte ou vol, sans que le crédit affecté ne soit perdu. En outre, il est désormais possible, du moins techniquement, de payer des services de livraison en ligne avec des chèques-repas.

La numérisation rend en outre possible de nouvelles coopérations. Ainsi, Up a annoncé une collaboration avec la Banque et Caisse d’Épargne de l’État. À l’avenir, ces clients devraient pouvoir consulter l’état de leurs « Chèques Repas UP » non seulement via une application séparée, mais aussi via la banque en ligne de la Spuerkeess.

Les chèques-repas sont censés être une alternative permettant aux entreprises ne disposant pas de cantine d’offrir la possibilité de se restaurer à leurs employés pendant la pause déjeuner. Ils sont partiellement exonérés d’impôts, ce qui les rend intéressants pour certaines entreprises en tant qu’avantage en nature distribué.

La numérisation fait partie d’une réforme lancée en 2023 La valeur prévue des chèques-repas était passée de 10,80  à 15 €. La partie exonérée d’impôt était passée de 8 à 12,20 €, tandis que la participation personnelle du salarié n’avait, elle, pas changé (2,80 €). Le gouvernement souhaitait ainsi renforcer le pouvoir d’achat des travailleurs (même si les employeurs n’étaient toutefois pas tenus d’augmenter la valeur).

En revanche, l’utilisation a été limitée à 5 chèques par jour, ce qui n’a pas plu à tous les salariés et n’était pas non plus le souhait de l’HORESCA. Les supermarchés ont également commencé à regarder de plus près l’usage des chèques-repas pour s’assurer qu’ils ne contenaient que des produits alimentaires, ce que la fédération de l’Hôtellerie-restauration a salué.

Tombé en désamour ?

Se pourrait-il qu’à l’avenir, vous ne puissiez plus payer avec des chèques-repas dans votre restaurant favori ? « De nombreux établissements ne veulent plus accepter les chèques-repas », déclare le directeur de la fédération de la restauration HORESCA, Steve Martellini. Certes, le nouveau système numérique réduit la paperasse. Il n’est plus nécessaire de compter, de marquer et d’envoyer des tickets papier. Toutefois, les restaurants et autres doivent désormais payer des frais pour pouvoir accepter la carte avec leur terminal de paiement.

Ces frais peuvent varier en fonction de la taille de l’établissement, explique Martellini, et se situer autour de 7 ou 8 %. Pour un menu du jour à 25 €, le restaurateur doit ainsi reverser au prestataire 2 euros si le client veut payer par chèque-repas. De nombreux établissements préféreraient donc renoncer à ce mode de paiement.

 

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