« Ma passion dans ce métier ? Aucune. A part me lever le matin et gagner ma vie »
Publié
par
CaptainListe
le 22/11/2013 à 13:11
« Peu importe le client, il faut toujours garder le sourire ». Sylvie, 42 ans, travaille dans un point de vente d’une grande entreprise spécialisée dans la boulangerie. Résidant à Fameck, la vendeuse parcourt 40 kilomètres tous les jours pour aller travailler. « Je vends les articles confectionnés par les boulangers. Il faut connaître des notions de base du genre les matières utilisées à la fabrication, la durée de conservation des produits…. C’est important car la clientèle demande parfois des détails ou des conseils pour savoir quoi choisir. Les trois quarts de nos clients sont sympas et aimables. Il y a des habitués que l’on voit tous les jours, on apprend à les connaître quand ils viennent prendre un café le matin ou un sandwich entre midi ».
Elle poursuit, partagée entre amertume et ironie : « Pour les autres, je me demande si ça ne dépend pas de la lune. Ils n’ont aucune politesse, pas de « bonjour » ni d’« au revoir », rien. Ils demandent juste leur baguette et partent en ronchonnant. Les premiers mois ça surprend, on s’y habitue et on laisse passer. C’est toujours désagréable mais il faut faire avec ».
Les langues s’apprennent sur le terrain
Beaucoup d’étranger travaillant au Luxembourg prennent juste un en-cas le midi. Sylvie en reçoit des dizaines et a appris les langues étrangères sur son lieu de travail. « Je ne maîtrisais aucune langue au début. Ça s’apprend sur le tas. J’avais quelques notions d’allemand, ça aide beaucoup pour le luxembourgeois. Il y a aussi quelques portugais. J’ai juste appris les rudiments de leur langue avec la pratique. Quand tu fais tes études en France, tu apprends généralement assez mal les langues étrangères, quand tu es sur le terrain, ça va beaucoup plus vite ».
« Pour trouver un emploi, le Luxembourg, c’est vraiment mieux que la France »
La frontalière française travaille 40 heures par semaine et touche le salaire minimum pour un employé non qualifié. « Je gagne 1600 euros par mois car je n’ai pas de grand diplôme. En France, J’avais passé un CAP Boulanger puis travaillé dans plusieurs petites boulangeries en Moselle, la dernière avait mis la clé sous la porte. J’ai cherché du boulot pendant deux ans en Lorraine, sans jamais rien trouvé. Une de mes cousines m’a trouvé ce poste au Luxembourg. Ils m’ont tout de suite prise en CDI. Pour trouver un emploi, le Luxembourg, c’est vraiment mieux que la France ».
Réaliste, Sylvie reconnaît que sa principale source de motivation reste son salaire plutôt que l’amour pour son travail. « Je ne sais absolument pas combien de temps je vais continuer à faire ce métier. Je n’ai aucune passion, à part me lever et gagner ma vie. Mais il y a une bonne ambiance, je m’entends vraiment bien avec mes collègues. Je suis célibataire et je n’ai pas d’enfant, j’ai la liberté de faire autre chose si l’occasion se présente ».
* le prénom a été modifié
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Mizuholux
Je suis dans la même situation que Sylvie. Sauf que pour moi l'ambiance est pourrie depuis qq temps avec la multiplication des plans sociaux. On reste par peur de ne plus trouver de travail ailleurs. Le travail est inintéressant. Pour résumer On met des chiffres dans des cases comme des imbéciles. Le pire c'est que les gens sont surpris lorsqu'on leur dit que ce genre d'activité va être délocalisé .
Alors je viens tous les jours au travail pour bien gagner ma vie, faire le stricte minimum, et en fin de moi j'essaie de mettre le maximum d'argent sur mon compte épargne, pour être prêt lorsque le plan social arrivera et qu'il faudra continuer a payer les mensualités du crédit immobilier basées sur un revenu lux auquel je n'aurais sans doute plus accès..
la logique voudrait que je me reconvertisse maintenant. Seulement comment faire des études pour changer complètement de domaine tout en travaillant ? C'est impossible. Dans tous les cas il faut démissionner. Démissionner ouf c'est renoncer à ses indemnités chômage ' quand on a une famille une maison c'est impossible, le risque est trop grand.
retour à la casse débat il faut continuer à travailler, Épargner, et attendre soit une très hypothétique embellie soit un licenciement qui dans un sens nous permettra de casser les chaînes qui ne retiennent prisonnier dans ce quotidien pourri et aller vers d'autres horizons moins lucratifs mais espérons le plus stables et épanouissant
luxemburger6
chère sylvie. vous savez que cela énerve aussi les luxembourgeois comme moi de devoir toujours parler en français dans n'importe quel magasin . Je me demande si moi je travaillais en France etque je parlais obstinément ma langue maternelle le luxembourgeois, combien de temps on me garderait. dommage qu'il n'y a pas encore plus de vendeuses allemandes ici au luxembourg. Au moins elles connaissent la vente, sont polies et savent parler le luxembourgois.
jox54
Voilà en résumé un témoignage qui pourrait correspondre à 2/3 des travailleurs frontaliers ....
ange611
Dommage Sylvie qu'il n'y ait que le salaire pour vous motiver à vous lever le matin. Pourquoi ne pas aller voir ailleurs ...
fx_vince
dans un boulot, on a :
-la passion pour le boulot en lui-même
-l'ambiance, la reconnaissance avec les collègues
-le salaire
si on a au moins 2/3 alors il faut rester, sinon il est temps de chercher ailleurs
(mais bon en ce moment c'est plus si on a un boulot on le garde quoi qu'il en coûte, surtout au luxembourg où ca vaut vraiment le coup de se lever le matin)
Meuporg92
Ces expressions : '"entre midi" et "narreux" m'interpellent toujours autant. Je ne m'y ferais décidément jamais.
A part ça, je n'aimerais pas me coltiner (expression qui m'interpelle) les 3/4 des clients car je pense que contrairement à ce que dit cette vendeuse, c'est une majorité de clients qui sont (ou est je ne sais jamais) impolis.
Courage à tous les vendeurs qui sont obligés de supporter le client roi... enfin le client con surtout.