Moins de personnels et plus de bénéfices pour les banques du Grand-Duché
Publié
par
Yves Greis
le 07/04/2025 à 06:04

Les banques luxembourgeoises ont clôturé 2024 avec le sourire. Et même un bénéfice record. Pour la première fois, les établissements ont réussi à engranger plus de 7 milliards d’euros de profit après provisions et impôts. C’est ce qui ressort du bilan signé de l’autorité de surveillance du secteur financier, la CSSF.
La forte augmentation des revenus nets provenant des commissions (+ 9,4% en un an) est particulièrement frappante. Selon la CSSF, cette évolution touche 77% des banques du pays, en particulier celles offrant des services de gestion de patrimoine à une clientèle privée comme institutionnelle, y compris des fonds d’investissement.
Il convient aussi de noter que cette augmentation des bénéfices a été réalisée… avec moins d’effectifs. Selon la Banque centrale du Luxembourg, le nombre d’employés a diminué de 137 postes, entre décembre 2023 et décembre 2024, pour s’établir à 26.150 personnes. Étant donné que les charges de personnel sont le poste de dépense principal des banques, l’impact a été visible dans les comptes.
Externalisation
Après la crise financière de 2008, les autorités ont imposé une réglementation plus stricte aux établissements financiers afin de mieux contrôler les risques. Ces exigences nécessitent des spécialistes hautement qualifiés en place. Autant de qualifications qui ne peuvent pas être relocalisées à l’étranger. Dans le même temps, les banques doivent investir dans de nouvelles technologies telles que les services bancaires en ligne ou l’intelligence artificielle, un autre domaine qui nécessite un personnel hautement qualifié.
« Les banques avancent régulièrement que la productivité est faible au Luxembourg », explique Jean-Jacques Rieff, du syndicat ALEBA. S’il est difficile de nier que les salaires distribués au Luxembourg sont plus élevés qu’ailleurs, le niveau des personnels recrutés vaut certainement ce niveau de paie.
C’est pourquoi les syndicats ont récemment eu des problèmes pour faire adopter des augmentations dans le cadre des récentes négociations de la Convention collective.
L’ALEBA avait déjà reproché par le passé aux banques “luxembourgeoises” de céder facilement la tentation de la délocalisation vers des pays aux niveaux de revenus plus bas. « Beaucoup de ces activités quotidiennes ont depuis longtemps émigré de la Place, déplorent Jean-Jacques Rieff et les siens. En revanche, les tâches hautement qualifiées peuvent difficilement être externalisées, « par exemple, les contrôleurs doivent travailler là où les transactions financières ont effectivement lieu ».
L’an dernier, les syndicats ALEBA, OGBL et LCGB avaient même accusé les banques de procéder à des licenciements collectifs déguisés. Leur reproche : les salariés seraient licenciés progressivement afin de rester en dessous du seuil qui nécessiterait l’instauration d’un plan social.
« Les banques n’arrêtent pas de pointer du doigt la baisse des taux d’intérêt pour mettre leurs bénéfices en perspective », poursuit le représentant syndical Les revenus d’intérêts sont « faciles à gagner » – par exemple. Si vous contractez un prêt immobilier, vous payez des intérêts qui sont versés directement aux banques. Depuis que la Banque centrale européenne a récemment abaissé le taux d’intérêt directeur, les taux d’intérêt pour les débiteurs baissent également, ce qui pourrait avoir un impact sur les bénéfices des banques à l’avenir.
Néanmoins, selon la CSSF, la marge d’intérêts par les banques a augmenté de +4,4 % en 2024 par rapport à 2023. Et cela même si les taux d’intérêt ont commencé à diminuer à partir du second semestre 2024. Ainsi, 54 % des banques établies au Grand-Duché ont tout de même pu augmenter leurs marges.
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