Le Luxembourg veut réformer sa loi sur l’interruption de grossesse. Cet amendement vise à supprimer le délai de réflexion de trois jours entre la consultation prescrite par la loi et la réalisation de l’interruption de grossesse. L’objectif est de respecter la décision des personnes enceintes, de réduire le stress émotionnel et de renforcer leur autonomie.

Lors des discussions sur la réforme, l’opposition a proposé de prolonger le délai d’interruption de grossesse de 12 semaines actuellement à 14 semaines à l’avenir. C’est déjà la pratique dans un certain nombre d’autres pays. Cela permettrait aux personnes enceintes de disposer de plus de temps pour réfléchir, notamment si elles n’apprennent leur grossesse que tardivement. Une prolongation aurait en outre l’avantage de prendre en compte le résultat des tests sur l’état de santé de l’embryon, qui ne sont effectués qu’après la dixième semaine de grossesse.

La réforme législative n’a pas encore été votée. Elle est actuellement discutée au sein de la commission parlementaire en charge de la santé. Dans un avis sur le projet de loi, le ” Collège Médical ” a déjà exprimé son soutien. L’instance reconnaît « l’importance fondamentale de renforcer l’autonomie des femmes dans leurs choix en matière de santé reproductive », peut-on lire dans cet avis. Le Conseil supérieur de certaines professions de santé ajoute dans son propre avis : « En effet, aucun avantage n’a été prouvé à l’égard d’un tel délai d’attente obligatoire, alors qu’il rend l’accès à l’interruption volontaire de grossesse plus difficile et plus pénible à certaines personnes ».

Information par le médecin

Au Luxembourg, une interruption de grossesse ne peut être pratiquée que par « un médecin spécialiste en gynécologie et obstétrique autorisé à exercer au Luxembourg, dans un hôpital ou un autre établissement agréé ». Jusqu’à présent, la personne concernée doit avoir consulté un médecin spécialiste en gynécologie et obstétrique au moins 3 jours avant l’interruption de grossesse. Celui-ci doit lui remettre des documents d’information complets.

Ces informations comprennent un certificat de grossesse daté, des informations médicales sur les différentes méthodes d’interruption de grossesse ainsi que sur les risques médicaux et les effets secondaires possibles, une liste des établissements autorisés à pratiquer l’interruption de grossesse, des documents sur les droits des personnes enceintes, les différentes possibilités qui s’offrent à elles et leurs conséquences, ainsi que sur l’aide proposée aux enfants et aux familles.

La réforme de l’interruption volontaire de grossesse s’inscrit dans une réforme législative plus large. Le même texte vise à interdire les examens de virginité et la délivrance de certificats de virginité au Luxembourg. Cette mesure s’inscrit dans la lutte contre la discrimination fondée sur le sexe. De plus, ces tests n’ont aucun fondement scientifique. Le sujet a déjà fait l’objet d’un débat au Parlement en avril 2024, suite au succès d’une pétition.

Une autre mesure du projet de loi est l’interdiction de l’hyménoplastie. Cette pratique vise à reconstituer l’hymen afin de provoquer un saignement lors du prochain rapport sexuel avec pénétration, donnant ainsi l’illusion de la virginité. Encore une fois, cette pratique est dénuée de tout fondement scientifique.

Dans l’exposé des motifs du projet de loi, on peut lire : « Les tests de virginité et l’hyménoplastie sont des formes de violence à l’encontre des femmes et des jeunes filles et s’inscrivent dans le cycle des abus dits ” fondés sur l’honneur “. Les femmes et les jeunes filles sont contraintes, forcées et humiliées de subir ces procédures, souvent sous la pression de membres de leur famille ou de la famille de leur futur mari, au nom d’un prétendu respect de l’honneur et de l’obligation pour une femme de rester ” pure ” avant le mariage. »

 

Suivez aussi nos actualités sur Instagram