Quand offre et demande d’emploi ne se croisent pas
Publié
par
Yves Greis
le 23/02/2025 à 08:02

L’agence pour l’emploi luxembourgeoise, l’ADEM, compte dans ses fichiers trois fois plus de chômeurs qu’il n’y aurait de postes vacants au Grand-Duché. Les entreprises auraient donc a priori un large vivier de candidats pour pourvoir leurs besoins. Malgré cela, les employeurs affirment qu’il est difficile de trouver des salariés. cela tandis que les demandeurs d’emploi rapportent qu’il est difficile de trouver un emploi. Un paradoxe.
Inès Baer, responsable de l’analyse des chiffres à l’ADEM, confirme que la situation sur le marché du travail n’est pas rose en ce moment. L’économie tourne plus lentement et, l’an dernier, le secteur de la construction a enregistré de nombreuses faillites d’entreprises. Pas vraiment donc un contexte favorisant la baisse sensible du nombre de chômeurs dans les statistiques.
Ensuite, il est important de distinguer les différentes branches d’activité. Tous secteurs confondus, il y a 3 chômeurs pour 1 poste vacant au Luxembourg. Mais dans le secteur du nettoyage, 4 chômeurs sont en concurrence pour 1 place à prendre, par exemple. Même situation dans le secrétariat. Mais même dans le secteur où il y a beaucoup de candidats, les employeurs hésitent : « Même s’il y a beaucoup de demandeurs, ils ne trouvent pas toujours les bons profils, avec les compétences recherchées ».
1 comptable pour 2 postes
En revanche, dans la comptabilité ou l’informatique, deux postes seraient à pourvoir par candidat. « Dans le secteur de la santé ou le social, la différence est encore plus marquée. Ici, il y a 3 candidats pour 1 poste », ajoute Inès Baer. Ainsi, l’organisation chapeautant les prestataires de soins, la COPAS, avait récemment indiqué que 4.000 nouveaux travailleurs seraient à trouver durant les cinq prochaines années. Là, cela crée un “appel d’air” conséquent.
Typiquement, les professions requérant le moins de qualifications sont plus “compétitives” que les autres. Mais il arrive aussi que des personnes ayant un diplôme universitaire ne trouvent pas de travail. « Et il faut bien constater que de plus en plus de gens s’inscrivent chez nous avec un diplôme universitaire ». C’est un défi particulier pour ceux qui viennent de l’extérieur de l’Union européenne et qui ont un diplôme moins reconnu au Luxembourg ou moins bien connu par les employeurs. Ou alors ils ont fait des études dans un domaine moins demandé.
À cela s’ajoute le fait que les employeurs sont de plus en plus exigeants. La directrice de l’ADEM, Isabelle Schlesser, l’avait déjà dit mi-janvier au micro de RTL. Inès Baer soutient aussi cette thèse : les entreprises (par exemple dans le secteur IT) demanderaient toujours plus de connaissances et rechercheraient des candidats ayant une longue expérience professionnelle.
Dans le secteur informatique en particulier, les employeurs seraient souvent en attente de compétences très spécifiques et donc rares. Même hautement qualifiés, nombre de chômeurs ou de postulants n’ont pas le panel de formations adapté aux besoins précis. Inès Baer rassure toutefois : « Les personnes ayant un diplôme universitaire deviennent rarement chômeurs de longue durée ».
Ensuite, il faut noter que les chiffres de l’ADEM ne reflètent pas toute la réalité. D’un côté, il y a des personnes cherchant un emploi sans être inscrites à l’Agence. Parmi eux, il y a beaucoup de personnes déjà en poste mais qui veulent changer d’entreprise, de filière. D’autre part, tous les employeurs ne signalent pas leurs postes vacants à l’agence pour l’emploi (même si c’est une obligation).
Dans les secteurs de l’hôtellerie ou la construction en particulier, les postes vacants sont signalées bien plus par le bouche à oreille que via le système administratif et les listes officielles d’offres d’emploi.
Lueur d’espoir
Une méthode utilisée actuellement par les employeurs pour attirer les candidats revient à organiser des salons de l’emploi spécifiques au secteur. Par exemple, le 26 février, la Chambre d’agriculture invite les candidats à se présenter. Une première pour ce pan de l’activité luxembourgeoise.
Certes, le “succès” de ces salons est difficile à mesurer. Toutefois, du côté de l’Adem souvent à l’origine des Jobdays, le feedback de la part des employeurs et des employés (potentiels) reste bon. « Sinon, nous ne le ferions pas. L’organisation est très laborieuse », souligne au passage Inès Baer.
Mais en ce début 2025, pour les 19.431 chômeurs actuels au Luxembourg, il existerait bien une lueur d’espoir. « Pour l’instant, nous sommes à un point où la situation pourrait évoluer positivement. Les projections du STATEC prévoient une croissance de l’emploi cette année. Le chômage réagit toujours six mois plus tard. Les chiffres devrait donc évoluer positivement entre fin 2025 et 2026. Lentement mais sûrement, les choses s’améliorent. »
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