Cattenom n’en a pas fini avec le nucléaire
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 04/02/2025 à 17:02
En 1986, quand la Centrale de Cattenom a été mise en service, parole de l’État français, l’équipement nucléaire ne serait là que pour quatre décennies. Bon, on ne va pas se mentir, si les diverses enquêtes publiques vont dans le sens souhaité par EdF, l’exploitant, il y a de fortes “chances” que le site tourne encore pour dix voire vingt ans de plus…
Déjà ici ou là, on parle du montant des investissements à réaliser dans les prochaines années pour permettre aux 4 réacteurs de continuer à fonctionner. Deux milliards d’euros qui permettraient non seulement d’assurer la maintenance des installations, les faire progresser en matière de sécurité mais aussi… allonger leur durée de production.
En 2024, la Centrale a encore pourvu aux attentes en électricité de quelque 3 millions de foyers, assurant 75% des besoins en kilowatts de toute la Région Grand-Est. Soit 28 terawatt-heures ou 8% de la production nationale, a pu préciser dernière le directeur du site Jérôme Le Saint.
70% d’avis favorables
Mais au-delà des chiffres, c’est un petit acronyme placé au détour de ses derniers vœux qui a retenu toute l’attention de son auditoire : EPR. Trois lettres pour European Pressurized Reactor (réacteur européen à eau pressurisée), soit un nouveau modèle de réacteur nucléaire qui pourrait bien atterrir sur les bords de Moselle. Soit juste sous le nez d’un Luxembourg qui ne cesse de réclamer la fin de l’activité du site !
Certes, il ne s’agit là que d’une hypothèse. Un projet dont on ne connaît pas l’état d’évolution technique. Une implantation même pas encore annoncée par le Président Macron qui a déjà, pourtant, dévoilé les intentions de la France de s’équiper en EPR (du côté des centrales nucléaires de Bugey, Gravelines et Penly).
Mais 6 autres EPR seraient envisagés ailleurs sur le territoire d’ici 2050, en plus du réacteur de ce type déjà inauguré à Flamanville en bord de Manche. Alors pourquoi pas Cattenom ?
Signe que l’idée n’a rien d’une utopie, la Centrale atomique de Lorraine a même fait « un sondage » auprès de la population des environs. Le directeur n’a pas dévoilé sur combien d’habitants, ni le périmètre de cette “enquête”, mais toujours est-il que Jérôme Le Saint annonce que 70% des riverains seraient favorables à l’implantation d’un tel réacteur.
La Moselle et la Poule aux œufs d’or
D’ailleurs, selon la même source, même la poursuite de l’activité au-delà de 2026, 2027, 28,29… obtiendrait l’assentiment des populations. À hauteur de 80% d’avis positifs même, selon le responsable d’une entreprise qui compte autant dans le paysage Nord-mosellan (les 4 fameux panaches de vapeur) que son économie.
Ainsi, comment se priver de cette “Poule aux œufs d’or” qui redistribue près de 110 millions d’euros dans la fiscalité locale, qui génère 2.300 emplois et qui paye près de 160 M€ aux entreprises du secteur pour ses travaux divers en cours d’année…
Toutefois, un des obstacles qui pourrait “nuire” à l’implantation d’un EPR du côté de Cattenom tient dans la rivière qui jouxte le site. En effet, la Moselle sert de réservoir pour refroidir les équipements mais aussi de bassin de rejet des eaux issues de ce cycle de refroidissement. Et en périodes de sécheresse (épisodes qui se multiplient), cela n’est pas sans poser soucis…
En effet, la Centrale est limitée dans le volume “pompable” autant que dans ses rejets chauds dans la rivière. L’ajout d’un équipement supplémentaire sera-t-il supportable ? Des enquêtes (et encore bien des débats sur l’utilité du nucléaire) pourraient trancher la question dans les temps à venir.
Pour laisser un commentaire veuillez vous connecter ou inscrivez-vous.