Une nouvelle application made in China fait parler d’elle : DeepSeek. Il s’agit d’une intelligence artificielle qui a pris d’assaut l’Internet au point de faire chuter le cours des actions des entreprises américaines spécialisées dans l’IA. Pourtant, l’application fait la même chose que ChatGPT. Alors pourquoi tant de bruit ?

« Deep Seek utilise significativement moins de ressources que les modèles comparables », explique le Pr Jacques Klein de l’Université du Luxembourg. Ses domaines sont le génie logiciel et la sécurité mobile. Les soi-disant “intelligences artificielles” ont généralement besoin de beaucoup de puissance de calcul , consomment énormément d’électricité et réclament de nombreux processeurs surpuissants. « Lors des tests de référence, ChatGPT et Deep Seek sont très proches l’un de l’autre. Seul Deep Seek obtient ces résultats en consommant moins de ressources ».

Ceci, ainsi que le fait surprenant que le développement de Deep Seek n’aurait coûté “que” 6 millions de dollars (par rapport aux 100 millions de dollars investis par OpenAI pour ChatGPT), font que le programme est très bon marché: « Pour l’utilisateur final, l’application coûte beaucoup moins cher ».

Mais pourquoi cela a-t-il provoqué des remous sur les marchés boursiers ? « Parce que Deep Seek nécessite moins de processeurs et puces graphiques que son principal concurrent par exemple, les actions du fabricant de puces NVIDIA ont chuté (-18%) », poursuit le Pr Klein.

NVIDIA était autrefois surtout connue des joueurs. L’entreprise fabriquait des puces graphiques pour les ordinateurs domestiques. Avec l’avènement de l’intelligenceartificielle et la prise de conscience que celle-ci fonctionne particulièrement bien avec les processeurs graphiques, l’entreprise avait changé de modèle commercial et l’action était devenue très populaire.

Comment tout cela est-il possible ? «  Il est difficile de dire exactement comment cela a été obtenu. C’est encore un sujet de spéculation », commente l’universitaire. Et les salaires plus bas en Chine ne suffisent en aucun cas à expliquer ce développement “low-cost” mais hyper-efficace.

Attention aux petits caractères

Mais à quel point est-il sûr d’utiliser ce programme ? « Si vous utilisez cette app, vos données seront envoyées en Chine. C’est ce qui est écrit en petits caractères dans les conditions d’utilisation », rappelle Jacques Klein. Les usagers doivent donc décider s’ils souhaitent pareille diffusion. La même question se pose d’ailleurs dans le cas de ChatGPT (où les données partent vers les États-Unis).

La question est tellement sensible que dans de nombreuses entreprises traitant des données sensibles ou confidentielles (notamment le secteur financier), l’utilisation de tels programmes est strictement interdite.

Pour ceux qui ne veulent pas confier leurs données, Jacques Klein a une “solution” : « Ceux qui disposent d’un ordinateur avec la puissance nécessaire peuvent télécharger le modèle et le faire tourner chez eux. Ils ne peuvent toutefois pas le faire sur leur ordinateur à la maison. Les institutions et les entreprises pourraient toutefois le faire. ».

Il y a un petit avertissement : «  Comme le modèle a été conçu en république populaire Chine, il ne donnera pas d’informations sur certains sujets ». On lui connaît déjà une allergie à évoquer la répression de Tian’anmen ou les conditions de travail des ouvriers dans le pays…

 

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