Il n’y a pas le feu à la maison Luxembourg, mais voilà deux fois que le Premier ministre joue au pompier pour tenter d’éteindre les flammes de la colère syndicale. La première fois, c’était en octobre dernier ; la seconde intervention vient de survenir. Même s’il ne le reconnaît pas à haute voix, Luc Frieden acte par ces interventions qu’il y a bien quelque chose qui cloche dans les relations entre son gouvernement, ses ministres et les formations représentatives des salariés.

En cette mi-janvier, Luc Frieden a donc reçu les présidents de l’OGBL et du LCGB. Et sans doute que ce tête-à-tête à huis clos a permis à Nora Back et Patrick Dury de dire combien la “façon de faire” de la nouvelle majorité CSV-DP leur déplaisait. Sur le dossier des retraites, sur l’extension du travail dominical dans le commerce, sur la remise en cause des modes de négociation des Conventions collectives, sur la représentativité syndicale… On comprend que la rencontre ait duré deux heures !

Encore à l’heure des vœux, Luc Frieden a rappelé combien il était « important pour lui et ses collègues de gouvernement de maintenir l’atout de la paix sociale ». Une parole déjà entendue dans la bouche et du Premier ministre et qui ne convainc plus les syndicats. Face à une « confiance gravement dégradée », OGBL et LCGB veulent maintenant des actes.

Protégez-moi de mes amis

Le premier pas vers un dialogue renoué, apaisé va consister en la tenue d’une “Sozialdësch”, table ronde autour de laquelle viendront s’asseoir les ministres Georges Mischo (Travail), Lex Delles (Économie) ou Martine Deprez (Sécurité sociale) mais aussi les représentants du patronat luxembourgeois. Une tripartite en somme ?

Surtout pas de tripartite ! Le terme fait trop penser à une “réunion de crise”, aussi le Premier ministre balaie ce terme pour évoquer ce nouvel organe de concertation. “Sozialdësch” lui convient mieux donc… Mais, pour l’instant, nul rendez-vous n’a été fixé dans le calendrier pour cette rencontre qui promet d’être délicate à mener.

En effet, ces derniers temps, les représentants patronaux n’ont rien fait pour apaiser le climat social. Ici la Fédération des artisans relance la question du jour de carence ; là la Chambre de commerce demande que la flexibilité des horaires de travail du dimanche ne concerne pas uniquement le commerce ; quand ce n’est pas la Chambre des métiers qui veut que les futurs retraités cotisent plus longtemps

Autant de prises de position qui ressemblent parfois à des messages lancés pour sonder l’opinion, et faire progresser la réflexion gouvernementale. Mais des annonces qui ont aussi eu le don d’irriter les syndicats plus d’une fois en quelques mois. Protégez-moi de mes amis, pourrait ainsi glisser Luc Frieden…

D’ailleurs, certaines voix dans le propre camp du Premier ministre, sont venues lui rappeler que la méthode et ton employés pour faire avancer les dossiers sociaux actuellement n’étaient sans doute pas les meilleurs. Plusieurs députés CSV ont ainsi fait connaître, eux aussi, leur attente d’un dialogue social retissé et plus dans l’écoute.

« Le Gouvernement nous a déclaré la guerre », assuraient d’une même voix Nora Back et Patrick Dury au sortir de 2024. Luc Frieden vient de tenter une trêve pour 2025. Dont acte.

 

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