L’Europe en demanderait trop sur le salaire minimum
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 10/01/2025 à 08:01
1 commentaire
Non, l’Europe ne veut pas d’un salaire minimum identique d’un pays à l’autre. Au contraire, elle souhaite qu’État par État une réflexion soit menée pour définir le niveau d’un revenu « adéquat ». C’est à dire qui puisse permettre aux travailleurs de « bénéficier de conditions de vie et de travail décentes ».
Au Luxembourg, alors que ce SSM vient juste d’être revalorisé au 1er janvier (+ 2,6%) et où ce salaire minimum est le plus élevé dans l’Union, la nouvelle obligation pourrait s’avérer inutile. Et pourtant non, on sait que vivre au Grand-Duché en ne disposant “que” du salaire de base constitue une difficulté, et entraîne en réalité nombre de salariés vers un risque de pauvreté. Vie chère, loyers élevés : on connaît les causes.
Mi-octobre, le ministre du Travail avait promis des avancées. Près de trois mois plus tard, Georges Mischo demande un nouveau délai pour peaufiner le projet de loi déposé. C’est que la transcription de la directive n’a rien d’évident à en croire le responsable CSV.
Deux scénarios “impossibles”
Ainsi, en Commission du Travail, le ministre s’est expliqué sur les difficultés rencontrées. Car si “l’esprit” du texte est généreux, établir des critères stricts pour l’évaluation du niveau du SSM luxembourgeois et sa parfaite adaptation à la réalité socio-économique du pays constitue un exercice délicat.
Que prendre en compte qui ne l’est déjà pas alors que le Luxembourg, depuis longtemps déjà, a choisi de réviser systématiquement tous les deux ans le salaire minimum ? Plus se baser sur le coût de la vie ? Donner plus d’importance au facteur “richesse nationale” ou à la réalité de l’évolution des autres niveau de rémunération au pays ? Il faudra clarifier ces points et surtout quantifier leur impact…
Et c’est là que les esprits s’échauffent. En l’état des réflexions, le nouveau mode de calcul entraînerait des charges trop élevées pour les quelque 40.000 entreprises et le Fonds pour l’emploi. Un jugement que Georges Mischo a chiffré selon deux scénarios actuellement étudiés.
Une des méthodes consisterait à fixer la valeur du futur SSM à 60% du salaire médian brut. Résultat alors : une dépense supplémentaire de 359 millions d'euros pour les employeurs privés, et de 68 M€ pour le Fonds de l'emploi. En intégrant 50% du salaire moyen brut, l'option impliquerait que les sociétés déboursernt 634 M€ de plus, et le Fonds 120 M€. Difficilement supportable, voire impossible dans l'état actuel de l'économie.
Afin de peaufiner la liste des critères et leur pondération, Georges Mischo va maintenant se rapprocher du Statec. À charge pour l'organisme statistique luxembourgeois de l'éclairer aussi sur le "juste" niveau accordable.
Et promis d'ici la fin janvier ou tout début février le ministre reviendra avec une proposition plus aboutie. La question est loin d'être mineure pour près de 70.000 personnes, résidents ou frontaliers. Soit approximativement 15% des actifs au Grand-Duché.
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Bien entendu, ils n'envisagent jamais le SEUL scénario qui limiterait bien le coût de la vie: le contrôle des prix de l'immobilier. J'entends par là la détermination de prix maximum, qu'il serait légalement interdit de dépasser, pour les locations et ventes de biens immobiliers. Certains pays l'ont fait... Il est évident que la bulle spéculative des promoteurs immobiliers du luxembourg n'en voudra pas. Mais c'est pourtant la solution la plus simple, qui soulagerait bien le portefeuille des habitants. Et qui coûterait le moins à la (majorité) des entreprises, qui subissent les prix exorbitants de l'immobilier (plutôt que d'en profiter sur le dos des citoyens comme le font les promoteurs).