Les “clés” luxembourgeoises d’Incert séduisent jusqu’aux States
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 30/12/2024 à 17:12
« D’ici trois ans, notre effectif aura sans doute doublé. Nous serons passé de 40 personnes aujourd’hui à 80, je pense… » Si le directeur général d’Incert se veut aussi optimiste, c’est que son secteur d’activité est en en plein boom : « Chaque année, le marché mondial de la sécurisation des datas grimpe de 10 à 15%, et même en tant que “Petit Poucet luxembourgeois” nous avons une place à prendre ! » Et ce n’est pas le dernier contrat signé par Benoit Poletti qui va démentir ce succès grandissant.
Aussi surprenant soit-il, c’est un constructeur US de poids lourds qui a retenu une solution de protection de données pour sa nouvelle gamme. Ainsi, les modèles électriques B4 sortant des chaines de montage de Bollinger Motors disposent-ils tous d’une clé de chiffrement pensée et gérée depuis le Grand-Duché. Le rapport entre cette cyber-protection et un camion ? « Tout véhicule disposant d’électronique et d’assistances à la conduite génèrent énormément de données et il vaut mieux que celles-ci restent entre de “bonnes mains”. En fait, un véhicule est un ordinateur donc une cible potentielle ! »
Il en est ainsi aussi bien de la gestion du poste radio que des capteurs détectant vitesse, analysant l’état de la route, contrôlant la pression des pneus ou gérant les éléments de sécurité du véhicule et ses occupants. Autant d’informations qui doivent être orientées vers le bon destinataire (en étant authentifiées, signées électroniquement) mais surtout ne pas être interceptées (de l’utilité d’un chiffrage alors).
« Cela vous parait anodin si ces données sont exploitées à des fins marketing par exemple mais si cela entraînent un accident de la circulation en raison d’une prise de contrôle malveillante, un changement dans vos conditions d’assurance, une détérioration de votre mécanique, vous verrez combien disposer d’une “clé” est précieux », éclaire Benoit Poletti.
L’attaque des brosses à dents
Et c’est ainsi que la solution Keys&More luxembourgeoise a été retenue par le producteur de trucks de l’autre côté de l’Atlantique. « Un premier encourageant, admet le CEO qui sait que ce qui a notamment fait la différence tient dans les modalités de stockage des données une fois cryptées. Elles ne vont pas sur un cloud géré par le privé mais bien dans le cloud souverain du Grand-Duché. » Le fait qu’Incert soit un GIE (groupement d’intérêt économique privé-public) a donc été jugé plus sécurisant.
Pour Incert, ce contrat dans le milieu de la mobilité n’est pas le premier. Ainsi, l’expertise luxembourgeoise s’est-elle déjà discrètement introduite chez une douzaine de constructeurs : des tracteurs John Deere aux bolides Porsche en passant par BMW, Audi, Mercedes, Volvo ou Tesla… Même certaines enceintes connectées JBL bénéficient du bouclier électronique programmé depuis Leudelange.
Là encore, le néophyte a besoin d’explications pour faire le lien entre cyber-protection et un simple accessoire audio. « En fait, ici aussi, il s’agit d’objets connectés dont l’usage peut être détourné au dépend de l’usager ou d’un tiers. Récemment, ce sont 3 millions de brosses à dents électriques qui ont servi pour créer une attaque de serveurs électroniques… »
Pour demain, Incert sait déjà que Keys&More trouvera son utilité pour protéger aussi bien les informations échangées via des réseaux sociaux, que l’industrie 4.0 dont les rythmes de production ou d’approvisionnement peuvent être confiés à l’intelligence artificielle. Il en va de même pour les données administratives et personnelles. « Nous travaillons d’ailleurs avec Guichet.lu pour ajouter de nouvelles capacités de stockage sécurisées de documents, comme des attestations. »
Mais les boucliers et clés de cryptage ont également fait leurs preuves auprès d’instances aussi majeures que l’Europe. L’acteur luxembourgeois assure ainsi la sécurisation des réunions européennes. C’était le cas sous la présidence hongroise et belge dernièrement, cela le sera encore lors de la mandature polonaise dès ce 1er janvier et pour six mois. « Avec la proximité géographique de la Russie, cela peut s’avérer compliqué… », ne cache pas le manager d’Incert. Mais en douze ans, le Petit Poucet luxembourgeois a gagner en puissance et en assurance, « alors on fera face !»
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