Sur la planète, on estime à un tiers la quantité de nourriture produite qui finit… à la poubelle ! Une vérité qui,  au Luxembourg, pèse de l’ordre de 120 kg de nourriture ainsi jetés chaque année par restaurants, supermarchés, cantines. Mais aussi et surtout par les particuliers responsables à eux seuls de 64 kg de fruits, légumes, viandes, fromages et autres ne terminant pas dans une assiette.

Évidemment, depuis plusieurs années, la politique et l’économie sont conscientes de ce problème et veulent faire quelque chose pour remédier à ce gâchis. La façon la plus commune d’éviter ce gaspillage alimentaire étant de donner les produits à un organisme de bienfaisance juste avant la date de péremption, cela afin de nourrir des ménages dans le besoin.

Au Luxembourg, la plateforme Antigaspi.lu rappelle les “bons” gestes à adopter “localement”. Cependant, lors d’une récente réunion avec ses homologues européens, la ministre luxembourgeoise en charge de l’Alimentation, Martine Hansen a soutenu l’idée d’un règlement européen visant à créer un cadre permettant aux parties en amont et aval du “gâchis” de savoir comment se positionner.

Chaine du froid

Les organismes caritatifs, par exemple, doivent respecter des règles d’hygiène strictes pour la circulation, l’entreposage et la distribution des aliments récupérés. À commencer par le respect de la chaine du froid pour éviter tout risque d’intoxication alimentaire aux bénéficiaires.  Mais en fait, selon les États, les normes exigées varient. Ce qui dans le cas du Grand-Duché empêche toute éventuelle collaboration avec des donateurs (type grandes surfaces) frontaliers.

Une situation que dénonce, notamment, la Banque alimentaire du Luxembourg. Rien que cette année, l’organisme a pu collecter 220 tonnes d’aliments non périssables (conserves) mais aussi 200 tonnes d’aliments frais (fruits, légumes, etc). Pour ces denrées, il a fallu trouver les lieux réfrigérés adaptés et organiser les distribution dans les “délais sanitaires” précis.

Fort heureusement, au Grand-Duché, la loi accorde aux organisations caritatives la possibilité d’une congélation professionnelle à -21° C) des aliments le dernier jour avant la date de limite de consommation. Mais tous les dons ne peuvent pas subir ce passage aux frigos comme un subit apport de 600 Pères Noël en chocolat ou plusieurs tonnes de pastèques, comme le relate Jean Rodesch, président de la Banque alimentaire.

Lui fait partie, comme la ministre Hansen, de ceux qui plaident pour une règle commune européenne. Que ce soit sur les conditions de redistribution mais aussi sur l’obligation de dons qui pourraient s’imposer aux commerces.

C’est notamment le cas en France ou les surplus alimentaires n’ont plus vocation à être détruits ou jetés mais bien donnés pour des ménages nécessiteux via des structures organisées.  Sous peine d’amendes pour les magasins qui ne joueraient pas le jeu.

« L’industrie alimentaire est réglementée par la législation de l’UE. Par conséquent, cette question doit également être abordée à ce niveau afin d’avoir une approche uniforme partout et pour que le travail transfrontalier soit rendu possible », insiste le ministère de l’Alimentation luxembourgeois. On verra si sa voix est entendu.

Joyeux anniversaire

Au Grand-Duché, l’asbl Foodsharing Luxembourg vient tout juste de fêter ses 5 ans de fonctionnement. Depuis 2019, cette association lutte activement contre le gaspillage alimentaire, et elle a déjà permis la redistribution de 923 tonnes de nourriture grâce à la mise en place d’initiatives comme les “Points de partage” (frigidaires installés à Esch ou Lintgen où ceux qui ont besoin peuvent venir piocher).