Mise en garde, avertissement, menace : appelez ça comme vous voulez mais, ce 3 décembre, LCGB et OGBL du Luxembourg ont tenu à bomber le torse, hausser le ton et montrer les muscles le temps d’une « 1ère action en réponse à l’attaque du gouvernement contre les droits et acquis des syndicats ». Les deux formations affichant un front uni et une voix déterminée devant 700 militants réunis au Parc Hôtel Alvisse à Luxembourg.

Pour les deux présidents, Patrick Dury et Nora Back, plus question de se laisser marcher sur les pieds. Le ministre de l’Emploi et le Premier ministre doivent comprendre qu’ils sont allés trop loin. « Nous dérangeons, ils veulent nous mettre à l’écart : ça ne passera pas ! », harangue la représentante “rouge” quand son homologue “vert” enrage contre « ce gouvernement qui veut bien consulter mais surtout pas négocier ! ». La salle exulte, le tonnerre gronde.

Principal point de crispation : la façon dont la nouvelle majorité voudrait réformer les modalités de négociation et validation des Conventions collectives. Car dans un Grand-Duché où 55% des employés du privés sont couverts par une convention collective, une directive européenne pousse à ce qu’il y en ait 80% rapidement.

Savoirs, expérience et rapport de force

Et le ministre Georges Mischo a déjà évoqué le fait qu’il verrait bien, à l’avenir, ce type d’accord sectoriel ou d’entreprise ne plus nécessiter l’aval des syndicats. Une bombe sociale lancée début octobre et dont la déflagration reste actuelle. « Une convention collective sans faire appel aux syndicats, c’est le nirvana des employeurs », râle l’OGBL. « C’est un raisonnement cynique et qui signifie que ce gouvernement a adopté le point de vue du patronat !», tempête le LCGB.

Le gouvernement verrait bien, lui, ce type de texte pouvoir être négocié dans les entreprises entre direction et délégués neutres, sans étiquette syndicale. « Ce serait confier des négociations majeures à des hommes et des femmes qui n’ont pas les savoirs, l’expérience ou la possibilité d’établir un rapport de force », pointent les deux syndicats.

Pour les organisations de Nora Back et Patrick Dury (et leurs 125.000 membres), les partenaires sociaux doivent rester au centre du dialogue social. C’est un acquis de longue date. Et si toilettage des textes sur les conventions collectives il doit y avoir, les deux ont une « contre-proposition » à répéter.

Déjà, on ne touche pas à la mission des syndicats dans la discussion et la signature des accords. Ensuite, pourquoi ne pas accorder les aides publiques financées au final par l’ensemble des contribuables et donc des travailleurs ») aux seules entreprises ayant validé une convention ? Pourquoi, également, l’État ou les communes ne limiteraient pas l’octroi de leurs marchés à ces mêmes entreprises qui auraient fait l’effort de s’asseoir à la table pour définir « des conditions de travail plus justes » pour leur personnel ?

Mais OGBL et LCGB ne se font guère de doute : ces idées qui ont été déjà « repoussées par le ministre du Travail comme le fait un professeur d’une mauvaise copie » ont peu de chance d’être entendues, en l’état actuel du dialogue social. D’où ce bras-de-fer lancé en cette fin d’année avec cette intimidation lancée : « Nous sommes prêts à contrattaquer, et même si nécessaire jusqu’à la grève générale ». Et la salle de se lever comme un seul homme.

Si Luc Frieden pensait que ces appels à la reprise du dialogue social avaient fonctionné, le voilà prévenu que non…