Idea ? Connais pas ! Sûr que si l’on pose la question dans les rues du Luxembourg, la réponse sera majoritairement celle-ci. Au pire, on confondra ce think tank, laboratoires d’idées, avec une enseigne d’ameublement suédois… Pourtant, voilà pile une décennie que la structure se penche sur tout ce qui fait le pays avec un objectif : « tenter de montrer les chemins possibles vers une économie compétitive, une croissance durable, une cohésion sociale renforcée et des finances publiques saines », liste son directeur Vincent Hein.

Et depuis 2014, Idea et ses économistes n’ont pas chômé. Produisant 41 décryptages, 43 tableaux de bord, 17 cahiers thématiques, bref près de 550 publications avec diagnostic poussé et propositions aiguisées. C’est d’ailleurs par la qualité de ses analyses que le groupe de réflexion a vite eu l’oreille des décideurs politiques (de tout parti), des organisations professionnelles, des chefs d’entreprises. Dans un Luxembourg où il ne fallait pas trop bouger les lignes, Idea a réussi à convaincre qu’il fallait bousculer certains modèles.

« Même dans le grand public, je crois qu’une partie de nos idées infusent, s’avance Vincent Hein. Même si nous sommes nés de la volonté de la Chambre de commerce, rapidement les gens ont compris que nos travaux étaient indépendants et intellectuellement honnêtes car argumentés. »

9 cerveaux en ébullition

Réfléchir le logement autrement que comme un objet d’investissement. Changer la donne des chèques-repas pour qu’ils “profitent” vraiment à la restauration. Développer le télétravail et les bureaux satellites à la frontière (« 4 ans avant le Covid ! »). Faire du 9 mai, jour de la Fête de l’Europe, un férié. L’intérêt d’un coup pouce au salaire minimum. Voilà autant de sujets sur lesquels Idea a planché, cogité,  « eu des intuitions et fait des propositions ».

Certaines pistes ont été suivies, d’autres ont été laissées de côté, la plupart ont participé à alimenter le débat public. Résultat, l’expertise à 360° du think tank est recherchée. Certains lui demandent d‘étudier telle thématique, le Ministère de la Sécurité sociale a inclus Idea dans ses consultations autour du régime de retraite.

Sur ce thème des pensions vieillesse d’ailleurs, l’Asbl va même publier quatre études dans les mois à venir. « Un travail de fond qui, comme nos autres productions, doit avant tout nourrir le débat démocratique », commente Jean-Baptiste Nivet, économiste. Viabilité du système de retraite actuel + que coûtera une réforme plus ou moins tardive + que retenir de ce qui a pu se faire en Europe sur cette question + quel coût pour quel changement : voilà les axes annoncés.

Mais, à 10 ans, le laboratoire a ses neuf cerveaux en plein bouillonnement.  En 2025, il y aura aussi des approfondissements sur comment combler les besoins de compétences du Luxembourg, la nécessité de renforcer la coopération transfrontalière (« compris en terme de relations fiscales»), la nécessité ou pas de diversifier l’économie du Grand-Duché, etc.

Autant d’énergie et de projets qui font dire à son président, Michel Wurth : « Notre rôle, au final, c’est d’être utile. Idea essaye d’accompagner au mieux les temps qui changent ». Un élan basé sur les datas, la matière grise et une certaine vision de l’avenir (« une âme»). « Nous devons aider le Luxembourg à ne jamais se résigner face à une difficulté, une situation. On ne doit pas se dire que l’on sera perdant mais plutôt qu’il y a des solutions à trouver ! » Passé ce 10e anniversaire, l’asbl qui réfléchit à devenir fondation, aura encore beaucoup de pain sur la planche…


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