L’accès à l’avortement va être accéléré
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 15/11/2024 à 06:11
L’an passé au Grand-Duché, près de 800 femmes ont fait le choix d’interrompre leur grossesse. Toutes ont dû se plier aux règles en vigueur dans le pays : après une première consultation légale et l’acte d’interruption volontaire de grossesse (IVG médicamenteux ou clinique), elles ont eu 72 heures pour confirmer leur choix. Un délai de trois jours jugé par beaucoup comme « inutile et infantilisant ».
En effet, faut-il encore ce temps de “réflexion” (culpabilisation ?) pour que la femme ait une vision plus claire de ce qu’elle souhaite pour elle ? Une chose est sûre désormais : d’ici 2028, ce délai sera aboli au Luxembourg. Le point tenait en une ligne au milieu des 209 pages de l’Accord de coalition, le Premier ministre vient de confirmer cette volonté. Sans préciser la date d’application toutefois.
Luc Frieden a fait cette annonce dans une réponse parlementaire. Il devait s’y prononcer sur de récents propos du pape François en Belgique ayant qualifié l’avortement de « crime » et les médecins pratiquant l’IVG de « tueurs à gage », le politicien chrétien-social n’est pas rentré dans cette polémique. Préférant se recentrer sur la situation nationale.
Aux yeux du Premier ministre donc : « le Gouvernement reste attaché aux principes en la matière prescrits par la législation luxembourgeoise sur l’avortement ». À savoir que l’avortement n’est plus illégal depuis 2014. Qu’un délai légal de 12 semaines de grossesse est imposé à partir duquel l’acte n’est plus envisageable dans la plupart des situations. Au-delà de ces trois mois, une attestation écrite de deux médecins qualifiés devra attester que la grossesse peut être stoppée car elle représente une risque pour la santé de la femme enceinte ou l’enfant à naître.
D’autres combats
Pour le Planning familial, voilà déjà une confirmation appréciable. Mais la structure (dont les 3 centres d’Esch, Luxembourg et Ettelbruck sont habilités à pratiquer l’IVG médicamenteuse) ne cache pas son impatience à voir avancer d’autres sujets autour de l’avortement au Luxembourg.
Avec une priorité sur la prolongation du délai d’avortement, jusqu’à 14 semaines. On serait alors certes encore bien loin des 24 semaines de grossesse “admis” aux Pays-Bas, par exemple. Pays qui a lui aussi annuler le délai “de réflexion” en vigueur jusqu’à il y a peu.
Mais, si ce temps était adopté, le Grand-Duché arriverait à égalité avec les droits accordés en France et en Espagne qui ont déjà adopté ce temps de 14 semaines.
Le Planning familial luxembourgeois qui, l’an passé à gérer plus d’un millier de demandes d’IVG, insiste également pour que la pratique de la 1ère échographie avant interruption volontaire puisse être pratiqué « par tout médecin formé ». Cet élargissement permettrait d’accélérer l’accès à cette première consultation, « sans retard préjudiciable ».
De plus, l’organisation réclame l’instauration d’un délit d’entrave. Ainsi, la Justice pourrait condamner toute personne venant perturber l’accès aux locaux ou à l’information sur l’IVG. Punition qui pourrait également concerner les individus ayant effectué des tentatives d’intimidation. Que ce soit à l’égard des patientes ou des professionnels de santé.
Enfin, en juin dernier encore, le Planning a milité en faveur de l’inscription du Droit à l’avortement dans la Constitution luxembourgeoise. Paris l’a fait en mars 2024, une première au monde !
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