L’intérim peut encore gagner en popularité
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 08/11/2024 à 13:11
Actuellement, plus de 10.000 intérimaires font tourner l’artisanat, les commerces, les usines, les restaurants, les services de propreté-nettoyage au Luxembourg. « On est encore loin des niveaux de 2019, mais depuis le début de l’année, on note un regain pour ce type de contrats », se satisfait Marc Lebrun, président de la fédération Fédil Employment Services (FES) qui regroupe 31 des 58 agences d’intérim du pays. « Surtout, nous constatons que de nouveaux secteurs s’ouvrent à cette forme de salariat. L’IT et la finance, par exemple mais aussi la santé et le médical, voire même la fonction publique luxembourgeoise. Cela ouvre de nouvelles perspectives à nos sociétés mais aussi aux candidats à l’emploi. »
Reste qu’en cette fin d’année, c’est aussi sur les chiffres de l’étude commandée par la FES que les professionnels du secteur ont les yeux braqués. « Nous voulions savoir si l’intérim avait bonne ou mauvaise réputation, maintenant on a la réponse !» Et elle est plutôt “rassurante” : majoritairement les 1.1157 sondés ont une opinion positive sur le “travail temporaire”.
Un chiffre qui varie des 74% de satisfaction exprimée parmi le panel des intérimaires, à 72% parmi les frontaliers interrogés jusqu’à atteindre 61% parmi les résidents luxembourgeois.
Des données collectées par l’INRES, Marc Lebrun retient aussi d’autres éléments à l’avantage de l’intérim. Ainsi, 83% des 630 intérimaires questionnés recommanderaient le travail intérimaire comme une solution à leurs proches. Mais seulement 53% parmi la population luxembourgeoise…
« Il est clair que d'un côté ou de l'autre de la frontière, la perception même des avantages/inconvénients de la formule est totalement différente », reconnait le président de la Fédération. Quand en Belgique, France ou Allemagne, l'intérim évoque la « flexibilité, la liberté d'aménager son temps de travail et vie personnelle, d'opportunité pour accroître ses compétences ou sa polyvalence, au Grand-Duché les mots qui reviennent le plus sont précarité, insécurité, exploitation même... »
Autant dire qu'il y a du travail à faire pour convertir les esprits luxembourgeois à l'intérim. Un combat qu'est prêt à relever le secteur : « Déjà en rappelant à tous qu'un intérimaire a les mêmes salaires et droits que le même salarié en poste dans l'entreprise. Ensuite, en soulignant que le public national a bien souvent des atouts que les recruteurs -même pour des missions temporaires- apprécient. Je pense notamment au multilinguisme, par exemple. »
Et à l'heure où le chômage remonte au Grand-Duché, il est bon de rappeler que l'intérim constitue toujours un bon recours pour passer les périodes délicates du marché du travail. Les entreprises étant plus enclines à valider des embauches provisoires qu'à signer des contrats fermes.
Cependant d'expérience, les professionnels de la Fédil Employment Services savent que pour nombre d'intérimaires, il est possible de convertir une entrée temporaire en job définitif. « Depuis le début de l'année, on doit en être à près de 1.150 contrats qui ont ainsi été convertis, et je ne parle là que des statistiques de nos 38 membres. À l'échelle de toutes les sociétés plaçant des intérimaires, ce doit être proche des 1.500... »
Deux mots au ministre
Les représentants du secteur de l'intérim viennent de rencontrer le ministre du Travail luxembourgeois. Une première depuis la prise de fonction de Georges Mischo qui a permis à la FES d'adresser quelques souhaits au responsable politique. Et Marc Lebrun d'expliquer : « Nous avions deux points à lui soumettre : prolongations et durée des missions ».
- Prolongation : actuellement, pour la même personne au même poste, une entreprise ne peut acter que deux prolongations. La FES demande une possibilité de renouvellement plus grande. « Quand il y a 5 ans, les employeurs faisaient appel à des intérimaires pour une durée moyenne de 13 jours, aujourd'hui ce temps a diminué à 5,9 jours. Mais plus parce que les carnets de commandes sont moins remplis et que les RH hésitent à trop s'engager, mais quand l'activité reprend brusquement, les recruteurs sont heureux de pouvoir solliciter à nouveau les mêmes intérimaires, connus, appréciés et formés à l'environnement de travail. Il faudrait donc débloquer ce compteur au-delà des 2 renouvellements de mission. »
- Durée : au maximum, un-e intérimaire ne peut rester au même poste qu'un an. Trop court aux yeux des professionnels du secteur. « Prenez juste le cas d'une salariée enceinte qui se met en arrêt avant son congé de maternité et qui ensuite prend un autre congé pour rester auprès de son enfant, les 12 mois de remplacement sont vite atteints », plaide Marc Lebrun.
Si les Luxembourgeois sont un public à convaincre, les acteurs de l'intérim ont aussi d'autres cibles en vue pour étoffer le "portefeuille de profils". « Certains retraités ne pensent pas à cette solution pour soit occuper leur temps libre et rester dans la vie active, soit arrondir leur pension. Mais l'intérim peut aussi être une bonne formule pour les indépendants qui, entre deux travaux, peuvent mettre leur savoir-faire au service d'une entreprise qui compte juste pour une mission spécifique et à durée limitée »...
Par contre, la FES note avec joie que les jeunes générations perçoivent bien mieux l'intérim que leurs ainés. « La fameuse Gen-Z, qui vise un meilleur équilibre vie pro-vie perso apprécient particulièrement la flexibilité que ce type de job peut offrir. Elle y voit aussi un bon moyen de compléter ses acquis. »
Il est vrai qu'en termes de formation, le secteur n'est pas avare : cette année, près de 40.000 heures de formation ont ainsi été données via le FIS (fonds financé au Luxembourg par les sociétés intérimaires à hauteur de 0,6% de leur masse salariale).
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