« Je suis de bonne humeur. Je me suis fait vacciner contre la grippe ce matin ! » Sans cravate, sourire aux lèvres : c’est un Luc Frieden bien parti pour affronter les grisailles de l’automne et les virus de l’hiver qui s’est présenté, ce 25 octobre, à la conférence de presse organisée à l’issue du conseil de gouvernement. Mais, au fond de lui-même, le Premier ministre sait qu’un autre mal le guette : une remontée de la fièvre sociale.

Apparus en début de mois, les symptômes ne font que s’accroitre depuis. Réforme des retraites, conventions collectives, travail dominical : c’est bien simple à chaque annonce de son ministre du Travail, Georges Mischo, les deux grands syndicats du pays montent dans les degrés de la colère. Et voilà que la Chambre des salariés tousse à son tour

Resté en dehors de la polémique pendant deux semaines, le chef du gouvernement a donc estimé qu’il était temps de calmer les tensions, et rappeler chacun à la raison. « Et ceux qui pensent que ce gouvernement ne veut pas discuter avec les partenaires sociaux se trompent ! », répète Luc Frieden en guise d’ordonnance.

Chiffons rouges

Et puis non, le pays « n’est pas à feu et à sang » veut raisonner celui qui est entré en, fonction voilà 11 mois seulement. « Avoir des divergences de vue ce n’est pas forcément se disputer. Une démocratie faible c’est bien là où tout le monde pense la même chose. » Certes mais là, en quelques jours, les chiffons rouges ont clairement été agités sous le nez des syndicats : pas de tripartite en vue sur le devenir des pensions vieillesse, une possibilité annoncée de ne plus leur confier la signature définitive des conventions collectives, une annonce du doublement du temps de travail le dimanche dans les commerces lancée en catimini

Alors comme un médecin veut croire aux vertus d’un médicament, Luc Frieden insiste sur la reprise du dialogue social. « Après le congé de Toussaint, le 5 novembre, Georges Mischo et les syndicats ont un nouveau rendez-vous », indique le Premier ministre. Une date lancée en espérant que d’ici là, OGBL et LCGB aient bien compris qu’ils allaient devoir avaler une potion amère, et que ce « rôle historique tenu par les syndicats depuis 1965 » devra s’adapter au projet de réorganisation moderne du temps et des modalités du travail que souhaite concrétiser la majorité CSV-DP maintenant.

Donc les syndicats seront entendus mais autant que le patronat. Tout comme le ministre du Travail est autorisé à réfléchir sur le rôle des délégués du personnel non-encartés dans les négociations des conventions collectives voire des Plans d’organisation du travail.

Et que l’on ne vienne pas reprocher à Luc Frieden et ses ministres de ne pas mener une politique sociale. L’allégement fiscal sur les familles monoparentales et des célibataires dès 2025 ? C’est eux. Le versement automatique désormais de l’Allocation de vie chère augmentée de 10% au 1er janvier ») et de la Prime énergie (« triplée dès le début d’année »), c’est encore eux ! La fin de l’impôt sur le revenu pour les travailleurs au Salaire social minimum non qualifié ? C’est toujours bien l’actuel gouvernement.

Alors oui, « le gouvernement a une responsabilité d’écoute » mais Luc Frieden a également une obligation d’agir pour, selon lui, qu’« économie, vie professionnelle, vie privée fonctionne d’une manière efficace et moderne ». Le “malade Luxembourg” sortira-t-il guéri de cette prescription après le congés de Toussaint ? Pas certain, docteur.

 

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