« Mais qu’est-ce que vous dîtes, docteur ? »
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 25/10/2024 à 12:10
Le diagnostic est connu : le Luxembourg souffre d’un manque de médecins. Et même si hôpitaux et ministère de Santé ouvrent largement leurs portes aux blouses blanches diplômées à l’étranger pour pallier à cette carence, il est un critère à prendre en compte pour tout diplômé en médecine, en soins vétérinaires ou dentisterie : les langues. Car, dans un pays aussi ouvert que le Grand-Duché, un médecin doit disposer d’un niveau linguistique minimal.
Ainsi, depuis plus de 20 ans, la loi impose à ces professionnels de santé qui souhaite exercer au Luxembourg d’avoir les connaissances en langues « nécessaires à l’exercice de la profession, soit en allemand, soit en français et comprendre les trois langues administratives (🇱🇺, 🇩🇪 et 🇫🇷)du Grand-Duché de Luxembourg ». Si tel ne devait pas être le cas à l’heure de demander une autorisation de pratiquer au ministère de la Santé, le requérant devra « acquérir ses connaissances lui permettant la compréhension des dites langues ».
Qui vérifie ? Personne, sauf si le ministère a un doute. Alors il appartient au Collège médical de procéder à l’évaluation du postulant et de transmettre le résultat -positif ou négatif- à l’administration. Combien ont échoué à ce test ? La ministre de la Santé, Martine Deprez, le dit pas dans la récente réponse parlementaire qu’elle a adressée suite à une demande du député Marc Baum.
Attention, danger
Le parlementaire avait ainsi interrogé la ministre sur de possibles contrôles de niveau linguistique allant au-delà des exigences légales (une des trois langues donc). Une information qui visiblement n’est pas remontée jusqu’à la ministre, et donc qu’elle ne peut pas reprocher.
D’ailleurs, le Conseil médical dans les rares cas où il pourrait constater une “défaillance” dans le domaine, peut émettre un avis favorable sous réserve. De quoi inciter le médecin, dentiste ou vétérinaire souhaitant pratiquer au Luxembourg à vite se mettre à jour au niveau verbal.
D’ailleurs, le professionnel de santé (ni même le Conseil) n’aurait guère de raison de passer l’éponge sur un manque de compréhension linguistique. Déjà pour les rapports au quotidien avec la patientèle mais aussi pour des raisons… d’assurance.
En effet, et cela est rappelé à chaque médecin postulant, la loi de 1983 indique les « conséquences civiles, pénales et disciplinaires que pourraient entraîner des erreurs dues à une insuffisance linguistique », rappelle la ministre de la Santé. Bref, un mauvais diagnostic, une incompréhension dans le suivi d’un traitement en lien avec une question de langage peut être puni par la Justice. Compris ? Verstoen? Verstanden ?
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