En 1970, le Luxembourg décrétait la fermeture des maisons closes et des “bars montants”, comme on disait alors. Pas pour autant que la prostitution a disparu du paysage. Bars à champagne, salons de massage, sites internet et un racolage de rue un peu plus discret sont juste venus remplacer les anciennes habitudes…

Et si le proxénétisme ou la prostitution de mineurs reste des crimes punissables au Grand-Duché, rien n’empêche dans la loi un travailleur ou une travailleuse du sexe d’exercer son métier. Ainsi, jusqu’à présent, la loi demande juste aux péripatéticiennes que leur pratique ne vienne pas troubler l’ordre public

Ce flou entourant l’activité va-t-il perdurer ou la loi va-t-elle se montrer plus sévère ou réguler la profession ? Telle est l’interrogation qu’a adressée le député Marc Baum à la ministre de l’Égalité des genres et de la Diversité en charge du dossier. Et Yuriko Backes de renvoyer la balle vers le tout nouveau “Comité Prostitution” qui vient d’être constitué en 2024.

Par ici la sortie ?

Car non, le sujet n’est pas tabou, semble répondre la ministre. Juste problématique, ou disons technique. Car si le Luxembourg se dirigeait vers une légalisation de la prostitution (comme déjà en Belgique, Allemagne, Espagne, Suisse, Pays-Bas, Autriche ou Grèce par exemple), cela voudrait dire régler des points comme le Droit du travail s’appliquant à ce métier particulier, l’affiliation à la Sécurité sociale et à la caisse de retraite. Il faudrait aussi définir quelle imposition s’appliquerait à cette activité commerciale, etc.

Impossible ? Certainement pas, et le Comité Prostitution est justement mandaté pour « analyser l’opportunité de réévaluer le modèle luxembourgeois ». Ce qui ne laisse présager en rien de ces conclusions. D’ailleurs, à la vérité, sur le sujet le Gouvernement n’a pas de ligne directrice.

Rien ne figure dans l’Accord de coalition fixant les grands chantiers d’ici 2028, et la ministre Backes dit vouloir s’en tenir à ce qui avait été défini en 2016 dans le Plan d’action nationale Prostitution votée alors. Ce texte fixait quelques grands projets comme le renforcement du cadre répressif dans la lutte contre l’exploitation sexuelle ou l’encadrement psycho-social des prostitué-e-s.

Mais un des points mis en œuvre ces huit dernières années à souligner reste le programme EXIT (trad = sortie). Destiné aux personnes souhaitant quitter ce milieu de la prostitution (compris les clients), le dispositif a été sollicité à 40 reprises. Le bilan annoncé par la ministre de l’Égalité est toutefois modeste puisque 12 hommes et femmes sont allés jusqu’au bout de la démarche.

Un projet qui piétine

Mais au fait, il y a déjà un projet de loi en cours d’étude à la Chambre des députés luxembourgeois. Il a été déposé en 2023 par le député ADR Fernand Kartheiser, et porte bien sur la ” légalisation de la prostitution en tant qu’activité professionnelle indépendant”. Un texte qui a été présenté aux parlementaires, discuté en commission Justice, fait l’objet d’avis du Conseil d’État et de la Chambre de commerce. Mais depuis janvier 2024, plus rien…

 

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