À peine débutée, voilà déjà la phase de “dialogue” sur le devenir du système de retraites qui monte dans les décibels. Et les premiers à hausser le ton, sont les présidents de l’OGBL Nora Back et du LCGB Patrick Dury. Déjà peinés que la question ne fasse pas l’objet d’une tripartite, « comme l’a toujours entraîné le dialogue social à la luxembourgeoise », voilà les syndicats plus en colère encore, estimant que l’approche du gouvernement est faussée d’emblée.

« Nous avions pourtant reçu l’assurance de Martine Deprez que Luc Frieden et sa majorité n’avaient ni a priori sur le sujet, ni de plan défini à l’avance, commente Patrick Dury. Sauf que la vérité commence à transparaitre et qu’elle est toute autre que les belles paroles du Premier ministre et de celle qui doit mener les débats !»

Et c’est une réponse parlementaire qui a mis le feu aux poudres. Dans ce texte, la ministre rejette ainsi toute idée de déplafonnement de cotisations. Ainsi quiconque au Luxembourg perçoit plus que 5 fois le salaire minimum ne voit pas ses prélèvements pour financer le système général de pension vieillesse augmenter en fonction du niveau de son revenu.

Les syndicats étant, eux, partisans d’emprunter notamment cette voie pour augmenter les recettes de la CNAP qui redistribuent les rentes aux seniors, OGBL et LCGB voient dans cette prise de position « un avis marqué là où il n’y avait soit disant pas de position prédéterminée ».

Pourtant, la solution n’est pas sans intérêt financièrement parlant. Elle permettrait d’abonder de 706 millions d’euros/an en plus les caisses de la Caisse nationale d’assurance pension. Et l’estimation a été faite par la ministre elle-même.

Pour les deux syndicats, le “gain” s’avère donc loin d’être négligeable quand d’aucuns s’alarment sur la diminution de la “réserve” du système (64 milliards d’euros encore). En fermant cette porte éventuelle, « la ministre brouille les pistes » regrettent les deux formations.

Alors que le processus de concertation (via notamment le site Schwätz mat!) a été lancé depuis deux semaines à peine, LCGB et OGBL questionnent à voix haute : « Est-ce que la Ministre veut se servir de cette consultation pour écarter à tout prix toute discussion sur une augmentation des recettes de la CNAP ? » Façon de diriger les choix, par exemple, vers plus de recours à caisses complémentaires retraite privées, ou laisser tranquilles les entreprises sur leur part de cotisation du système privé.

« Il faut un processus 100% ouvert sur une question aussi large et sensible pour tous, résidents comme frontaliers, tonne Patrick Dury. Consulter sans écouter, ça ne sert à rien. Nous espérons que ce ne sera pas la ligne suivie. »

Selon le timing prévu, la phase de dialogue doit donner lieu à un rapport final présenté au printemps 2025. Cela se fera après que la ministre Deprez a reçu une quinzaine de grands représentants nationaux (syndicats, chambres professionnelles, asbl…) puis des groupes d’experts.

Par contre, aucune date n’a été avancée sur la rédaction du projet de loi réformateur qui serait présenté à la Chambre.

Réaction du ministère

Plusieurs heures après le “coup de sang” des syndicats, le ministère de la Sécurité sociale a tenu à exprimer son opinion. Expliquant : « Les données renseignées dans la réponse à la question parlementaire du député Marc Baum ont été produites en toute objectivité et sans interférence aucune avec les processus de consultation (…)  Ces informations ne constituent en aucun cas un écartement de certaines pistes, mais visent à fournir des éléments objectifs pour permettre aux lecteurs avertis de disposer d’une vue complète des implications ».

 

 

Suivez aussi nos actualités sur Instagram