Le passage de la dépression Kirk aurait finalement créée plus de peurs que de mal. Certes, entre mercredi 9 et jeudi 10 octobre en soirée, il a (beaucoup) plu sur le Luxembourg et ses voisins, mais rien qui ne mette le pays en péril ici ou là. L’alerte rouge auura au moins eu l’avantage de prévenir chacun des possibles risques de débordements des rivières.

Au Luxembourg, l’Administration de la gestion de l’eau est l’autorité compétente pour fournir des informations sur les niveaux et les prévisions de crues sur les cours d’eau. Et, depuis plus d’une décennie, son portail inondations.lu est la “source” d’informations sur la situation des rivières et ruisseaux. En particulier lorsqu’il y a une alerte de crue, les riverains peuvent s’y informer sur les niveaux attendus ou l’heure à laquelle les eaux pourraient refluer. « Les chiffrages sont actualisés toutes les 15 minutes », explique Claude Schortgen du service hydrologique de l’Administration de l’eau.

Mais attentio, il ne peut s’agir que de prévisions, la météo pouvant venir contrecarrer en une grosse averse tous les calculs effectués par les prévisionnistes nationaux… Comment savoir si la pluie va tomber en amont de tel point d’eau ? Comment estimer à la perfection l’impact de tel barrage naturel inconnu sur l’inondation de telle route ? Comment prévoir ce qu’il arrivera précisément si un réseau d’évacuation communal vient à saturer. C’est là tout le challenge auquel se confrontent les techniciens derrière le sire.

La Moselle en exception

L’Administration de l’eau dispose d’environ 40 stations de mesure au Luxembourg, dont les valeurs peuvent également être consultées sur inondations.lu. Les appareils se trouvent dispersées sur l’ensemble des rivières et ruisseaux importants du pays. Avec une seule exception : la Moselle. Ainsi, c’est au Service de la navigation que revient la responsabilité de mesurer hauteur et débit de la plus grande rivière du pays.

En ce qui concerne les prévisions des crues, il a été nécessaire de développer une forte coopération entre pays voisins. Depuis des années, Luxembourg, France, Wallonie, Sarre et Rhénanie-Palatinat travaillent main dans la main sur ce dossier. C’est notamment le cas, depuis 1978, au sein des « Commissions internationales pour laprotection de la Moselle et de la Sarre ». Les partenaires y échangent des données et profitent mutuellement de leur expertise. « Depuis, les modèles n’ont cessé d’évoluer et de s’améliorer », assure Claude Schortgen.

Au Luxembourg, les inondations font partie des événements climatiques qui causent le plus de dégâts et donc les plus fortes dépenses aux assureurs. Ainsi, les montées des eaux vécues inondations du Mullerthal en 2021 ont entraîné plus de 120 millions d'euros de remboursements des assureurs et des millions d'euros d'interventions pour l'État.

En pronostiquant mieux les risques, il y a moyen d'amoindrir ces conséquences matérielles et possiblement même sauver des vies.

 

* La photo accompagnant cet article provient de l'inondation de juillet 2021.

 

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