Une règle générale chez les pomiculteurs veut qu’il y ait toujours une alternance entre une bonne récolte et une mauvaise saison. Et comme 2023 a été une mauvaise année… Bill Hein, directeur commercial de la cidrerie luxembourgeoise Ramborn, confirme l’adage : pour 2024, les arbres soient chargés de fruits🍎. Une bonne nouvelle pour ce pan de l’agriculture alors que les céréaliers ont été mis à rude épreuve par les conditions météo.

Gelées tardives, printemps pire que maussade, été pluvieux et frais et début d’automne incertain : ce qui n’a pas été si mal pour les vignerons du pays, aura donc été bon pour les vergers de pommiers. L’absence de soleil a permis aux pommes de former une certaine acidité, de sorte qu’un bon équilibre entre douceur et acidité s’est établi, estime-t-on du côté du producteur de cidre. Effet secondaire pratique : l’acidité fait que le pré-cider (un produit préliminaire avec lequel la cave travaille) se conserve mieux dans les fûts en inox.

Aujourd’hui, âgée de 9 ans, l’entreprise Ramborn a son siège à Born, à l’Est du Luxembourg, juste à la frontière allemande. Pour produire son “jus pétillant”, elle se procure des fruits issus de la production locale des deux pays voisins. Enfin, il est tout de même question de se fournir auprès de 350 propriétaires terriens différents… De quoi se faire livrer des variétés de pommes classiques (comme la Rambo et la Boskop) ; la cidrerie elle-même ne possèdant que quelques vergers.

Outre le cidre “classique”, l’entreprise produit également du cidre de poires et de coings. Récolte, pressage et transformation des pommes se poursuivent maintenant jusqu’en novembre. La société a peaufiné sa méthode de production de telle sorte que le cidre de pomme classique de sa maison a toujours (presque) le même goût. Ce qui n’est pas forcément le cas des jus des deux autres fruits cités. « La nature joue comme elle joue », sourit placidement Bill Hein.

Outre la production de boissons, Ramborn s’est également engagé dans la préservation des vergers. Selon Bill Hein, il y a 90 ans, le Luxembourg comptait encore environ 1 million de pommiers. Aujourd’hui, ce chiffre est tombé entre-temps à 110.000 arbres…. Aussi, notamment pour pérenniser son activité avec des fournisseurs locaux, la firme distille des conseils auprès de cultivateurs du terroir, et plante elle-même d’anciennes variétés de pommes. Sachant qu’un pommier peut vivre une centaine d’années, c’est un pari sur l’avenir.

Reste que, comme pour nombre de cultures, il faut se montrer patients avec les pommiers. Un arbre à haute tige n’atteindra son rendement maximal qu’au bout de 20 ans. Le cidre de demain prend donc racine petit à petit. En espérant que l’adage sur l’alternance des bonnes et mauvaises saisons ne se réalise pas à la prochaine récolte en 2025.

 

Suivez aussi nos actualités sur Instagram