Suivre une formation sans se fâcher avec son patron
Publié
par
Yves Greis
le 03/10/2024 à 17:10
1 commentaire
Tous les personnels doivent avoir la possibilité de se former individuellement sans avoir à craindre de conséquences, comme un conflit avec leur employeur. Tel est le message sur lequel insiste actuellement la Chambre des salariés du Luxembourg. En effet, à ses yeux, l’ensemble des actifs dans le pays ne disposent pas d’une même facilité d’accès à la formation.
Et Jeannine Kohn, conseillère de direction à la CSL (notre photo), d’expliquer : « Dans les entreprises, seuls certains employés bénéficient d’une formation continue. Les banques proposent ainsi souvent des formations continues quand d’autres secteurs sont plus timides. Cependant, même dans le cas où des opportunités sont proposées, ce sont surtout les personnes occupant un poste haut placé et déjà très qualifiées qui en bénéficient ».
La taille de la société peut également jouer en défaveur du salarié. En PME, les employés reçoivent souvent moins de formation en entreprise que leurs homologues recrutés au sein de plus grandes entreprise. C’est pourquoi la CSL insiste pour que chacun ait accès identique à la formation individuelle et donc puissent avoir les mêmes chances de progresser au fin de sa carrière professionnelle.
Pour Jean-Claude Reding, vice-président de la CSL, la formation est d’autant plus indispensable que les techniques évoluent, que les besoins en terme de qualifications changent bien plus vite que par le passé, quand ce ne sont pas certainement métiers même qui en viennent à disparaître. Au fil de sa vie active, le travailleur doit donc non seulement mettre à jour ses connaissance, mais se doter de nouvelles compétences. Sans quoi…
Jean-Claude Reding appuie sa remarque sur un référence à un récent rapport de Mario Draghi sur l’avenir de la compétitivité au sein de l’UE. Dans ce texte, l’ancien chef de la Banque centrale européenne demande lui aussi un droit à la formation continue élargi au maximum.
Dans ce contexte, la CSL critique le fait que le budget de l’État prévoit trop peu. Il est certes question d’allouer un budget de 36 millions pour aider à la formation en entreprise mais seulement 2,3 millions d’euros d’accompagnement pour la formation individuelle.
Sur ce même sujet, la Chambre des salariés estime qu’il y a d’ailleurs d’autres points à améliorer. Comme le congé individuel de formation. Au Luxembourg, les travailleurs ont droit à 80 jours de congé spécial pour se former au cours de leur carrière. Toutefois, ils ne peuvent prendre que 20 jours au maximum sur une période de deux ans. Seulement 1% de la main d’œuvre actuelle a pu bénéficier de cette mesure (les employeurs pouvant souvent mettre un veto à la demande de CIF).
Pourquoi ne pas plus la promouvoir ?, interroge la CSL. En Flandre, par contre, les travailleurs bénéficient de 30 jours par an pour se former.
En cours d’emploi
« Nous devons permettre aux personnes qui travaillent déjà dans un secteur d’obtenir un diplôme sans mettre fin à leur contrat de travail », explique François Schmit de la Chambre des salariés. C’est déjà possible aujourd’hui pour les personnes qui veulent obtenir un diplôme d’assistant de vie quotidienne ou d’aide-soignant tout en travaillant. Elles sont libérées quelques jours par semaine et l’employeur se voit rémunérer par l’État (à hauteur du salaire minimum) pour ces heures.
La CSL demande que ce principe soit appliqué à d’autres professions.
Avec son Lifelong Learning Centre (LLLC), la CSL est elle-même un grand fournisseur de formations continues. Les cours de droit, de comptabilité et de technologies de l’information restant particulièrement populaires.
Parmi les nouveautés du programme 2024/25, on compte un bachelor Transition et l’efficacité énergétique en collaboration avec l’Université de Lorraine et un master en informatique avec pour thèmes principaux cloud computing, big data et cybersécurité en collaboration avec l’Université de de Belfort-Montbéliard. Il est encore possible de s’y inscrire. Le LLLC n’offre que la dernière année de ces diplômes, mais il est possible de faire valoir une expérience professionnelle pour être admis.
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sitesref
"Seulement 1% de la main d’œuvre actuelle a pu bénéficier de cette mesure (les employeurs pouvant souvent mettre un veto à la demande de CIF)."
Alors pas tout à fait: ils peuvent refuser, mais une seule fois, et c'est juste un report en fait.
"L'employeur ne peut pas s'opposer à la demande de congé-formation, mais il peut exprimer un avis négatif sur le formulaire.
En cas d'avis négatif :
le congé peut être différé :une seule fois ; etsi l’absence du salarié peut porter préjudice :au bon fonctionnement de l’entreprise ; ouau planning du congé annuel du reste du personnel ;le salarié peut tout de même envoyer sa demande remplie au ministère. Dans ce cas, le ministre :transmet la demande à une commission consultative pour avis sur les délais de report ; et
prend sa décision en fonction de cet avis."
(ou alors c'est très mal écrit sur https://guichet.public.lu/fr/citoyens/famille-education/formation-adultes/conge/conge-individuel-formation.html )
Par contre, vu que le congé consiste en grande partie à devoir prendre sur ses congés standards annuels, pas étonnant que si peu de gens y aient fait appel. L'exemple que fournit le site guichet public lu est éclairant:
"Le bénéficiaire suit une formation de 30 heures, à savoir :
30 / 8 = 3,75 journées de travail ;3,75 / 3 = 1,25 jours de congé-formation ;à arrondir à l’unité inférieure, soit 1 jour de congé individuel de formation.Une formation de 30 heures donne donc droit à 1 jour de congé individuel de formation."
Donc dans cet exemple, le salarié doit utiliser quasiment à 75% ses congés ordinaires... Pas de quoi inciter à tenter l'aventure.