Le carnet de commandes ? Martin Piétri, président de la Manufacture des Émaux de Longwy, assure qu’il est « conséquent ». Le soutien des maisons de luxe, comme Dior ? « Toujours présent ». Cependant le responsable confirme que la société est en difficulté, « une mauvaise passe » due à une année 2024 « pas aussi bonne vente que prévue ». Du coup, le Nord de la Meurthe-et-Moselle et de la Lorraine s’inquiète pour la santé et le devenir de cette maison au savoir-faire reconnu depuis… 226 ans.

Ce n’est pourtant pas la chronique d’une mort annoncée qui a poussé le dirigeant à demander à placer l’entreprise d’une trentaine de salariés en redressement judiciaire. À l’entendre, ce ne serait là qu’un moyen pour mieux rebondir une fois passée ce que Martin Piétri veut croire comme une crise passagère. Il est vrai que les dirigeants ont réussi ces dernières années à remonter le chiffre d’affaires (2,1 millions d’euros en 2023) et conquérir de nouveaux marchés, mais il faut plus encore…

Il n’empêche qu’en ce début d’automne, la Manufacture a surpris son monde en lançant un appel à la solidarité de celles et ceux qui veulent voir perdurer ce savoir-faire inscrit au Patrimoine culturel immatériel de la France. Un appel qui a pris la forme d’une pièce spécialement éditée pour marquer le soutien à cette fabrique unique : une chouette, baptisée “Longwy mon amour”.

Yeux dorés, plumage teinté au bleu traditionnel des Émaux, petit cœur rose, l’objet a été produit en édition limitée (1.000 pièces juste). Mise en vente à 150 euros, l’objet doit rapporter de quoi assurer la relance de la société à court terme. Une chouette vue comme « emblème protecteur » par le président Piétri et surtout pièce à posséder pour les collectionneurs et tout ceux qui apprécient cet artisanat d’art.

Bon signe : en quelques jours, des 500 commandes ont été enregistrées !

Aux grandes heures de la production d’émaux (XIXe et début XXe siècle), la ville de Longwy comptait une dizaine d’usines de production. Ses réalisations rayonnant notamment aux Expositions universelles de 1878, 1889 et 1900 et partant vers les intérieurs des plus grandes familles de l’époque. Suivront des années où ces “bleus” se diffuseront dans nombre de foyers, bien au-delà de la Lorraine.

Aujourd’hui, le Musée des émaux témoigne encore des splendeurs réalisées alors (de la fleur de pommiers aux motifs Art déco en passant par les réalisations plus contemporaines). Des collections qui prochainement seront exposées dans un  nouveau cadre ; les anciens locaux de la Banque de France à Longwy-bas ayant été spécialement réaménagés pour leur offrir un écrin digne de leur rang.

Suivez aussi nos actualités sur Instagram