Ce n’est pas le Statec qui dira le contraire : oui, le salaire moyen d’un frontalier reste inférieur aujourd’hui à celui d’un résident de nationalité luxembourgeoise. Le dernier Rapport Travail et Cohésion sociale pointe encore cette différence. Et l’évalue même encore à un niveau élevé. Ainsi, l’écart serait toujours de près de 30% favorable aux salariés résidents du pays…

À cela, l’office statistique avance plusieurs raisons. Pointant d’abord l’importance des salarié-e-s originaires de France, Belgique et Allemagne dans les secteurs d’activité offrant les niveaux de salaires les plus bas. Ainsi, les branches de l’industrie, du commerce, de la construction ou des services administratifs fonctionnent-elles avec 60% de frontaliers dans leurs effectifs.

Inversement, on retrouve bien plus de Luxembourgeois-e-s dans l’administration publique ou l’enseignement, branches « parmi les plus rémunératrices » du pays. La part de “nationaux” étant également forte (au-delà de 40%) dans les domaines de la santé et l’action sociale, ou les autres services où la paie reste plus qu’appréciable bien souvent.

Recentrage de rigueur

Mais les analystes ne veulent surtout pas figer la situation salariale en mode noir d’un côté, tout rose de l’autre. Déjà parce qu’au fil des années, l’écart de revenu tend à se réduire. Il reste toutefois enviable avec d’un côté un salaire moyen annuel estimé à 🇱🇺92.000 € pour un résident luxembourgeois contre 65.400 €🇫🇷🇧🇪🇩🇪 pour un frontalier.

De plus, les métiers évoluant et le niveau d’exigence ou de connaissances spécifiques augmentant, les employeurs vont chercher hors du Grand-Duché (à coups de billets) une main d’œuvre qui fait défaut au pays. D’ailleurs, ce sont les résidents mais de nationalité étrangère qui, au fil du temps, voient leur niveau de rémunération se rapprocher le plus des montants accordés aux “purs” Luxembourgeois. Le différentiel est de moins de 20% actuellement.

Reste que le Statec entend éviter toute jalousie mal placée entre les uns et les autres. En effet, si la disproportion des revenus accordés peut en énerver certains, le calme revient en analysant les niveaux de vie que la rémunération perçue au Grand-Duché permet d’atteindre au pays et chez ses voisins. Et là, la situation des salariés luxembourgeois devient quelque peu moins enviable à en croire les économistes.

Avec un Euro en poche, la quantité de biens et de services qu’un revenu permet d’acheter est en effet moindre au GrandDuché pour un Luxembourgeois qu’il ne peut l’être pour son collègue vivant en Lorraine, Wallonie ou Sarre. D’où cette conclusion : « les niveaux de salaires des frontaliers, ajustés de cette manière, se rapprochent du salaire moyen des résidents en termes de pouvoir d’achat ».

Avec des dépenses quotidiennes coûtant moins cher (particulièrement en matière de logement), les calculs du Statec en arrivent même à la conclusion que « le pouvoir d’achat réel des frontaliers allemands et belges dépasse celui des résidents luxembourgeois ». “Malheureusement” rien de tel encore pour les 124.000 navetteurs venant de France…

Si ce recentrage vient contrecarrer bien des a priori, reste qu'en terme de "sentiment d'égalité de traitement", l'importance du salaire ou du traitement versé reste le curseur le plus sensible parmi la population active. La compensation qui arrive ensuite, via le pouvoir d'achat, sautant moins aux yeux des 358.000 salariés non-Luxembourgeois comparant leur fiche de paie avec celle des 126.000 résidents luxembourgeois en activité...

 

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