Même depuis son bureau à Beggen, David Bordus ne ratera pas une miette des Jeux Olympiques. L’homme de 41 ans aura même un œil averti sur le déroulement de l’événement planétaire. Et pour cause : ce salarié d’un cabinet de recrutement a lui-même accompagné des athlètes aux JO de Londres en 2012 et à Rio en 2016. À l’époque, il officiait comme entraîneur d’athlétisme, spécialiste du sprint.

Le temps a filé mais ce passé glorieux lui colle encore à la peau aujourd’hui, notamment quand il faut répondre aux questions curieuses de ses collègues fans de sport. « Ils sont adeptes de petites histoires croustillantes et c’est toujours un plaisir pour moi de me remémorer cette époque qui a marqué ma vie », explique-t-il. Cette époque, c’est le début des Années 2000 quand ce natif d’Orléans démarre sa carrière d’entraîneur d’athlé dans le centre de la France. Il gravit peu à peu les échelons jusqu’à rejoindre le club de Reims, où il prend en charge sprint court,  haies et relais 4×100.

Sous sa coupe, le spécialiste du 100 m Beranger Bossé décroche son ticket  pour les Olympiades de Londres, où il représente la République Centrafricaine. C’est la première expérience olympique de David, qui va cependant suivre son athlète des tribunes, car non accrédité par la fédération centrafricaine. Son poulain se mesure alors aux légendes du sprint Usain Bolt, Yohan Blake et autre Justin Gatlin…

Village, fast-food et… préservatifs

Quatre ans plus tard, en 2016, alors qu’il vient d’arriver au Luxembourg comme préparateur physique du Racing Luxembourg, David Bordus met le cap vers Rio de Janeiro. Cette fois dans le survêtement d’entraîneur de l’équipe de France paralympique de sprint. « Vivre les Jeux de l’intérieur est une expérience  fantastique, j’en ai des frissons quand j’en parle. Parader sur la pelouse du Maracana lors de la cérémonie de clôture restera l’un des plus beaux souvenirs de ma carrière », se souvient-il.

Son jeune protégé d’alors, le sprinteur français Rodrigue Massianga, est autiste. Mais pas de quoi l’empêcher de s’adjuger une belle 6ème place en finale du 400 mètres. Au-delà du résultat sportif, David se souvient avant tout de l’engouement autour des Jeux, de l’impressionnant défi logistique qu’est l’organisation de l’événement et de l’importante pression médiatique.

C’était il y a huit ans, mais David (reconverti dans les ressources humaines après divers postes au Luxembourg) ne manque jamais une occasion d’évoquer ses souvenirs.

« Des anecdotes, j’en ai plein la besace. Et aux J.O., le sport le plus pratiqué, c’est bien… le sexe ! », s’amuse celui qui a vécu la vie très spéciale d’un village olympique, où cette année, plus de 200.000 préservatifs seront distribués aux athlètes.

Selon lui donc, les théories autour d’une activité sexuelle décuplée dans le village olympique sont loin d’être un mythe. Un phénomène qu’il explique par plusieurs facteurs, la jeunesse des participants soumis à un grande pression, l’excitation de l’événement et le contexte international. « Il est évident que le sexe prend une place importante, mais en tant qu’entraîneur, le plus important est de veiller à ce que les athlètes restent focalisés sur leurs épreuves », ajoute le quadra.

 

« Le Luxembourg peut aller chercher une médaille »

Pendant trois semaines, le village olympique devient une véritable ville bunkerisée. Point central où les délégations vivent en autarcie et où tous les services sont gratuits. Restaurant, coiffeur, salle de fitness et même fast-food.  « Croyez-moi,  le restaurant fast-food, qui  est plutôt fréquenté par les entraîneurs en début de compétition, se remplit d’athlètes au fil des jours », rit David Bordus. En puriste du sprint, le Français évoque avec optimisme les chances de la sprinteuse ettelbruckoise Patrizia Van Der Weken, véritable star de la délégation luxembourgeoise, et qui a connu une progression fulgurante au cours des dernières saisons.

« Pour moi, c’est une finaliste, et si toutes les planètes s’alignent, elle pourrait même aller chercher une médaille. Le 100 m est pour moi la discipline la plus difficile. Cinq centièmes peuvent faire tout perdre, ou tout gagner » lance-t-il. La jeune femme de 24 ans spécialiste du 100 m a atteint cette année le top 12 mondial, avec un record personnel à 11″. « Sur des disciplines comme le 5.000 mètres, il y a rarement des surprises. Cependant, sur le 100 m, tout est possible… » conclut le coach. Réponse cette semaine !

 

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