Quand le manque d’argent finit par vider les assiettes
Publié
par
Yves Greis
le 18/07/2024 à 17:07
Le Luxembourg est un pays très riche. Mais ses habitants sont loin d’être tous riches ! L’an dernier, trois personnes sur cent au Grand-Duché ne pouvaient ainsi pas se permettre de manger régulièrement un “vrai repas” avec viande, poulet, poisson ou une alternative végétarienne. Le chiffre vient d’être révélé par Eurostat et fait écho à cette autre donnée -préoccupante- : au Luxembourg, un habitant sur cinq (19%) est en risque de pauvreté en 2023.
Depuis plusieurs années, la Chambre des salariés tire la sonnette d’alarme sur ce sujet. Et le nouveau gouvernement Frieden-Bettel avait fait de la lutte contre la précarité sa priorité n°1 à l’heure d’ébaucher son accord de coalition. a également fait du combat contre la pauvreté au Luxembourg son cheval de bataille au début de son mandat. Mais dans ce nouveau constat, ce n’est plus de porte-monnaie peu rempli dont il est question, mais bien d’assiettes qui se vident…
Même en baisse, le coût très élevé du logement, en particulier, représente une charge financière importante pour de nombreuses familles au Luxembourg. Et même les actifs ne sont pas à l'abri du risque de pauvreté. En 2022, 12,9% des travailleurs au Luxembourg étaient menacés de pauvreté, selon le Statec. La plupart de ces "précaires" étant employé dans la construction, l'hôtellerie et la restauration, les soins de santé ou le commerce.
C'est également l'avis de François Authelet, responsable de l'approvisionnement matériel de base et de l'aide alimentaire à la Croix-Rouge luxembourgeoise. « La difficulté au Grand-Duché est de se loger sans y consacrer tout son argent ! Que ce soit le loyer ou le prêt, les assurances ou les charges : tout ce qui est lié à l'habitation coûte bien trop. Lorsque cette partie du budget est très importante, il est parfois difficile de boucler les fins de mois. Le système des épiceries sociales permet de remédier à cette situation. »
Tout le monde peut être touché
Ce n'est pas une question d'âge, ni de nationalité, explique-t-il : « Tout le monde peut se retrouver dans cette situation de "mauvais jours". Par exemple, après une séparation. Si le couple vivait déjà à la limite du budget et doit maintenant payer deux loyers, l'un ou l'autre peut se retrouver dans l'impossibilité de se payer à manger ».
Pour les Luxembourgeois-e-s, les épiceries sociales peuvent alors être utiles, indispensables même. Les bénéficiaires y trouvant des aliments deux tiers moins cher qu'en magasin. Un système qui permet aux "clients" d'être certes aidées mais en restant responsables et autonomes.
Le premier point de contact reste toujours les offices sociaux auxquels les habitants peuvent s'adresser, explique François Authelet. « Dès qu'il y a une situation difficile, allez voir les généralistes que sont les assistants sociaux dans les offices sociaux. Ils connaissent l'offre. Pour les particuliers, il est difficile de savoir tout ce qui existe ».
En comparaison européenne, les citoyens du Luxembourg connaissent moins la faim et les difficultés à remplir leur frigo que leurs voisins d'abord, mais que les autres pays aussi (voir tableau ci-dessus). En tête des tristes données d'Eurostat, on trouve la 🇷🇴Roumanie. Du côté de Bucarest, près d'1 habitant sur 4 (23%) n'a pas les moyens de s'offrir ce fameux "vrai repas" quotidien. À l'inverse, 🇨🇾Chypre est le pays où le moins de personnes (1,3% seulement) doivent se passer de leur pitance faute d'argent.
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