Ce grain de sel que la nature n’apprécie guère
Publié
par
Edouard Trèfle
le 26/02/2024 à 11:02
Le saviez-vous mais l’aéroport de Munich emploie (notamment) l’eau des cornichons pour déneiger ces pistes d’envol ? Un exemple qui démontre qu’au-delà du traditionnel sel d’autres pratiques peuvent servir à éviter tapis neigeux et verglas sur le bitume. Et à ce sujet, le député libéral Luc Emering vient d’interpeller le nouveau ministre de l’Environnement. Oui, de l’Environnement (et pas de la Mobilité) car comme le rappelle l’élu le salage « a un impact considérable » sur la nature.
En effet, à trop forte dose, le sel peut nuire à la faune du bord des routes autant qu’à la flore, aux sols voire même aux nappes phréatiques. Un effet que ne conteste pas le ministre Serge Wilmes, mais… qu’y faire ? Car comme il le rappelle jusqu’à présent les Ponts & Chaussées luxembourgeois (comme leurs homologues à l’étranger) n’ont pas trouvé meilleure solution pour mettre les routes “au noir”. « L’utilisation raisonnée du sel de déneigement reste donc un compromis entre sécurité et environnement. »
Chaque hiver, pour assurer la circulation sur routes et autoroutes, les Ponts & Chaussées disperse ainsi de l’ordre de ❄️20.000 tonnes de sel. Et force est de constater qu’une partie de ce volume finie dans les fossés ou abords même de la voirie traitée que ce soit sous forme de grains ou via l’eau de la fonte de la neige ou de la glace. Une salinisation que n’apprécient guère les végétaux et animaux ou encore les terrains alentours.
Guère d’alternatives
Au Luxembourg, onze captages d’eaux souterraines ont aussi été repérés comme « présentant une vulnérabilité potentielle par rapport au sel de déneigement ». Si ces nappes fournissent bien de l’eau destinée à la consommation humaine, le risque d’une “pollution salée” est rendue possible par leur localisations en contre-bas de routes et/ou de zones
fortement urbanisées.
Jusqu’à présent, rassure le ministre, le suivi effectué par l’Administration de la gestion de l’eau montre « qu’aucune de ces sources ne présente de pics de concentration en chlorures ou en sodium ». Mais Serge Wilmes de reconnaître néanmoins que « certains phénomènes locaux et ponctuels ne peuvent être exclus »…
Fort heureusement, sous nos climats humides, l’effet du sel est vite dissous par les pluies généralement. Conséquence : un impact « limité et très localisé sur les sols luxembourgeois ». En mars prochain, un colloque se penchera toutefois sur l’incidence du salage hivernal sur la ressource en eau.
Pour les routes, guère d’alternatives ne semblent envisageables actuellement. L’utilisation du sel en saumure (donc déjà mélangé avec de l’eau) plutôt qu’en grains ayant déjà constitué une étape significative pour en atténuer la nocivité. Cependant le ministre recommande aux particuliers d’envisager d’autres options pour dégager la neige de leurs trottoirs ou allées de garages.
Lesquelles ? Là, le ministre ne s’avance guère. Tout juste revient-il sur les choix évoqués par le député Luc Emering (par ailleurs ingénieur agronome de formation) :
- l’utilisation du ⏳sable ou encore de copeaux de bois🪵 ? Attention, cela peut finir par boucher les conduites d’évacuation des eaux.
- l’eau de cornichons🥒 ou encore les cendres☄️ ?Prudence, car ces éléments présentent une charge organique importante et contiennent d’autres polluants qui, in fine, se retrouveront dans les cours d’eau avec des conséquences potentiellement plus nuisibles que celles engendrées par l’utilisation du sel.
Ne reste plus que la solution du marc de café que le ministre n’a pas listée… Mais il va falloir boire beaucoup de tasses avant d’avoir de quoi débarrasser un parcours de la neige ou du verglas…
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