Pour former un gouvernement au Luxembourg, c’est simple : il suffit de savoir compter jusqu’à… 31. Soit le nombre de députés permettant d’obtenir la majorité à la Chambre. Depuis 2003, la coalition Gambia (regroupant les libéraux du DP, les socialistes du LSAP et les écologistes de Déi Gréng) réussissait ainsi à compiler suffisamment d’élus pour se partager la direction du pays derrière Xavier Bettel. Ce dimanche, les urnes ont signé la fin de ce trio gouvernemental.

La mathématique a parlé : l’addition DP + LSAP + Déi Gréng ne suffira pas à reconduire la même majorité. Les Verts qui avaient apporté 9 députés à la précédente majorité ont trop perdu dans la bataille électorale (-5 mandats !)… C’est maintenant plutôt un duo qui se dessine donc autour du parti populaire chrétien. Car, si comme il y a 5 ans le CSV arrive en tête des votes (29 %), cette fois nul ne pourra éconduire la formation menée par Luc Frieden du futur gouvernement.

Mais avec qui les 21 députés CSV élus dimanche vont-ils devoir (pouvoir) se rassembler pour former une nouvelle force de gouvernement ? Le LSAP de Paulette Lenert ? Certainement pas. Attendus plus hauts dans les suffrages, les socialistes pas pris tellement plus de poids politique dans le paysage national (11 députés, +1) mais leur programme semble trop opposé à celui des conservateurs pour envisager une union.

Même incompatibilité avec l'ADR, "trop à droite" la formation de Fred Keup repousse plus qu'elle n'attire. Cela malgré que le parti soit maintenant la 4e force politique du pays (avec 5 députés ,  +1). Les Pirate de Sven Clement (3 députés, +1) sont trop éloignés des idées du CSV, tout comme Déi Lenk (qui conservera 2 députés).

Bettel Premier ministre encore ? Possible...

Reste donc... le DP. Le parti libéral sort de l'élection en améliorant son score de 2018 (+2 députés, 14 au total) et apparait comme la formation la plus "CSV compatible". Le compte serait alors bon : 21 CSV + 13 DP = la majorité des sièges à la Chambre. CQFD !

Donc, les appareils politiques vont maintenant se réunir (en interne), se rapprocher (en externe), se parler, les téléphones sonner. C'est qu'au-delà de la seule mathématique, il faut maintenant s'entendre sur un futur programme. Un accord de coalition à porter pour les années 2023-28.

Il faudra aussi s'entendre sur la répartition des postes, des responsabilités. A qui le dossier urgentissime du Logement ? Qui pour porter une prochaine réforme fiscale (annoncée par CSV comme DP)? Etc. Et puis qui pour la place de Premier ministre ? Et là, Xavier Bettel pourrait repartir pour 5 ans.

En effet, durant la campagne, Luc Frieden n'a jamais fait du poste une condition sinae qua non d'une coalition même si son parti arrivait en tête le 8 octobre au soir. De son côté, le PM sortant a toujours dit qu'il rempilerait volontiers. Donc... Les deux avocats pourraient trouver un terrain d'entente.

Mais loin de ces conjectures politiciennes, reste une certitude : les élu-e-s du jour (dont la plupart étaient déjà en place dans la précédente mandature) ont rendez-vous le 24 octobre pour une première réunion à la Chambre des députés.

 

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