Vers un temps de travail réduit pour le même salaire en Belgique ?
Publié
par
Sarah G. Melis
le 15/09/2023 à 10:09
Le passage à la semaine de quatre jours avait déjà fait parler de lui en Belgique en novembre 2022. Attendue par les uns, redoutée par les autres, la mesure avait suscité bien des débats. Quasiment un an après sa mise en place, il semblerait qu’elle n’ait toujours pas convaincu les firmes belges puisque selon une enquête du cabinet d’avocat Claeys & Engels, 7 entreprises sur 10 rejettent la semaine de 4 jours.
Une idée du ministre de l’Emploi
La formule selon laquelle le salarié peut demander à son patron d’effectuer ses 38 heures de travail hebdomadaire sur 4 jours au lieu de 5 (à condition qu’il accepte) ne semble en tout cas pas faire l’unanimité. À moins d’un an des élections fédérales qui auront lieu le 9 juin 2024, voilà que le ministre de l’Emploi Pierre-Yves Dermagne, annonce la possibilité de réduire le temps de travail collectif des salariés à 8 heures par jour au lieu de 9,5 heures et ce… sans aucune perte de salaire.
Si pour le ministre, cette idée pourrait être la « solution » aux problèmes du marché de l’emploi, ce n’est pas l’avis de l’Union des classes moyennes (UCM). L’association belge francophone de défense, de représentation et de promotion des indépendants (chefs de PME, artisans, commerçants et professions libérales) estime qu’elle pourrait être au contraire un « coup de frein en pleine relance économique » et un projet contreproductif.
D’abord une phase de test
Avant sa mise en place, Pierre-Yves Dermagne lance un appel aux entreprises qui souhaiteraient participer à une phase de test, une expérimentation grandeur nature pour juger de la faisabilité du projet, espérant « voir des entreprises de tailles différentes et actives dans des secteurs différents », a-t-il expliqué dans une interview accordée à nos confrères belges de l’Echo.
Il souhaite par ailleurs que cette mesure soit un levier « d’attractivité » pour les entreprises. Pour lui, ce temps réduit de travail permettrait également de réduire les risques de maladies professionnelles. En donnant plus de temps aux travailleurs pour « déconnecter », il espère qu’elle mènera à un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée.
Du côté des patrons, la nouvelle laisse perplexe. Les fédérations patronales craignent une diminution de la compétitivité et des difficultés à embaucher, notamment dans certains secteurs en proie à une pénurie de recrutement. Pour Pieter Timmermans, administrateur délégué de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB), la mesure « électoraliste sortie de nulle part», est un « mauvais signal » envoyé par le gouvernement.
Comme l’UCM, elle regrette que le gouvernement ne pense pas davantage à « donner aux PME un cadre flexible pour travailler avec leurs collaborateurs », en changeant la façon de comptabiliser ce temps de travail (en plage plutôt qu’en horaire de travail par exemple).
Les résultats de ce test ne tomberont pas avant ceux des prochaines élections. Reste à savoir si des entreprises accepteront déjà d’y participer.
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