Selon les derniers chiffres du STATEC, la population luxembourgeoise est passée de 645.397 à 660.809 habitants entre 2021 et 2022. Cette augmentation s’explique par la hausse de la natalité en 2022, ainsi que par l’immigration. En effet, de manière générale, les flux migratoires sont repartis à la hausse après la crise sanitaire, allant jusqu’à atteindre les niveaux de 2018. Ce sont principalement des Portugais (3.885), des Français (3.590) et des Italiens (1.909) qui ont déposé leurs bagages chez nous. À l’inverse, ils ont également été nombreux à quitter le Luxembourg. En 2022, 3.063 Luxembourgeois ont en effet quitté le pays, alors que seules 1.577 personnes de nationalité luxembourgeoise y ont reposé leurs bagages, après s’être expatriées un moment.

La pression du coût de la vie

Le premier élément à pointer pour expliquer ce phénomène est le coût de la vie. En effet, si certains produits font exception, avec un niveau de prix inférieur que dans les pays limitrophes en raison de la TVA, le coût de la vie est, de manière générale, plus élevé au Luxembourg que dans les pays voisins. Cela concerne en particulier l‘immobilier et l’énergie, des secteurs où d’importantes augmentations de prix ont été constatées suite aux crises sanitaires et énergétiques. À titre d’exemple, pour l’achat d’un appartement à Luxembourg-Ville, le prix du m² est passé de 18€39 en 2012 à 39€16 en 2022. Les tarifs ont donc plus que doublé en une décennie.

En parallèle, les salaires, bien que plus avantageux pour de nombreuses fonctions, n’ont pas suivi la même hausse. Concrètement, le salaire minimum pour un adulte qualifié est passé de 2.215€18 en 2010 à 2.776€05 en 2022. Cela n’est pas nécessairement suffisant pour garantir une vie digne.

Des régions frontalières sous pression

De nombreux Luxembourgeois décidant de quitter le pays ne partent pas bien loin, l’Allemagne, la Belgique et la France restant leurs destinations privilégiées. En 2022, le STATEC estimait que 31.000 d’expatriés luxembourgeois disposaient d’une adresse en France. Selon l’INSEE, équivalent français du STATEC, ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à s’installer en Lorraine. La conséquence de ces flux migratoires a un impact sur le coût de l’immobilier dans cette région où les prix du logement sont biens moins élevés qu’au Luxembourg.

Certaines zones sont ainsi prises d’assaut, rendant plus difficile l’accès au logement pour les Français travaillant sur place. L’ensemble de la frontière franco-luxembourgeoise, ainsi que les secteurs situés aux alentours des gares et des principaux axes routiers sont particulièrement sollicités.

À titre d’exemple, à Thionville, situé à une trentaine de minutes de trajet de la capitale luxembourgeoise, en voiture ou en train, le prix des appartements a augmenté de 10% au cours des deux dernières années. Cela semble peu par rapport aux maisons dont les prix ont, parfois, bondi de 40%.

Il est toutefois à noter que la majorité des expatriés continuent de travailler au Luxembourg. Plus de 212.000 frontaliers traversent chaque jour la frontière. À l’inverse, ils ne sont que 13.000 salariés à traverser les frontières grand-ducales pour aller travailler à l’étranger, principalement des fonctionnaires internationaux ou travaillant pour l’une des institutions européennes installées dans la capitale.

Auteur : Marie Jacquemin

Retrouvez cet article et bien d’autres dans le dernier numéro, “spécial Assurances”, d’Entreprises Magazine de juillet/août 2023.

Si vous souhaitez obtenir ce numéro ou vous abonner, contactez la rédaction via le site directement, soit par téléphone au (00 352) 40 84 69, soit par fax (00 352) 48 20 78 ou via le mail : [email protected]

Prix : 12 euros ( + frais de port).

Suivez-nous sur Instagram