Nombreux sont celles et ceux à s’être posés au moins une fois la question : pourquoi diable les sénateurs français siègent-ils dans un édifice portant le nom du Grand-Duché ? Et quel est donc le lien entre le pays et le palais ?

La faute à François

En réalité, tout est parti d’un certain François de Piney-Luxembourg qui, en 1581, décide de se faire construire un bel hôtel particulier (accolé à un parc de huit hectares) rue de Vaugirard, au cœur de Paris.

Appartenant à « la Haute », le noble François, porteur du titre de duc de Piney, est membre de la Maison de Luxembourg puisqu’il est un descendant de l’un des premiers comtes du Grand-Duché.

S’il habite dans un premier temps la prestigieuse demeure, au bout de quelques années, en 1611, il finit par la vendre à Marie de Médicis, fraichement veuve du roi Henri IV et mère du futur Louis XIII, qui avait eu un véritable coup de cœur pour le lieu. C’est ici que le lien, déjà ténu, avec le Grand-Duché s’arrête, même si le palais en gardera le nom.

Les jardins du Luxembourg.

Marie la bâtisseuse

Quatre ans après l’avoir acheté, Marie de Médicis décide d’agrandir la propriété, tant les murs que le parc, passant d’un terrain de 8 à 24 ha. Sous la houlette de l’architecte français Salomon de Brosse, puis au maître maçon Marin de la Vallée à partir de 1624, les travaux transforment donc l’hôtel particulier en ce qui deviendra le Palais du Luxembourg que l’on connait aujourd’hui.

Malheureusement pour elle, Marie de Médicis profitera peu de ce somptueux havre de paix : y ayant déménagé en 1625 car impatiente de fuir le palais du Louvre qu’elle trouvait trop sale, elle doit se résoudre à quitter les lieux en 1631, exilée par son roi de fils après la célèbre Journée des Dupes qui l’a vu désavouée au profit du cardinal de Richelieu.

D’habitation à prison

Le Palais du Luxembourg, ainsi que le Petit Luxembourg (bâtiment contigu au palais, actuel lieu de résidence du Président du Sénat) sont légués par la reine mère Marie à son second fils, Gaston d’Orléans. Le domaine passera ensuite de mains royales en mains royales, finissant par arriver dans le patrimoine de Louis XVI.

Seulement, à la fuite du roi en 1791, le palais du Luxembourg est déclaré « propriété nationale » et deviendra même une prison en 1793 pendant le sanglant épisode de la Terreur.

C’est Napoléon Bonaparte qui installa le Sénat au palais du Luxembourg en 1799. Hormis quelques brèves parenthèses historiques (à l’image de l’occupation des lieux par l’état-major de la Luftwaffe entre 1940 et 1943 pendant la Seconde Guerre mondiale), l’adresse a depuis été en majorité occupée par des parlementaires de la Chambre haute.

Malgré ces rebondissements, au final le palais a toujours gardé au moins une constance au fil des siècles : son nom de Luxembourg.

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