Paradoxalement, si les prix de l’alimentation ne cesse de grimper (beurre + 25 % en 1 an), celui du lait acheté aux fermiers chute. En à peine un trimestre, le cours a chuté de 11%. Et le phénomène serait partie pour durer pour plusieurs mois. Résultat : du côté du Luxembourg dairy board (LBD), on commence à trembler dans ses bottes.

Les producteurs laitiers du Grand-Duché poussent même un meuglement d’alerte en ce début de printemps. Certaines petites exploitations (de l’ordre de 120 à 180 têtes) risquent de ne pas survivre à cette baisse de prix de vente du produit des traites. Pas une bonne nouvelle alors qu’en trois décennies, le nombre de producteurs est déjà passé de 1.500 à… 585 aujourd’hui.

A l’origine de cette brusque baisse des tarifs appliqués par les laiteries, une surproduction constatée à l’échelle de l’UE. Les fermiers européens et leurs vaches produiraient déjà 3% de lait en plus de ce que le marché peut absorber. De fait, les cours s’effondrent.

Un effet ciseau redoutable

Certes, l’an dernier, les producteurs laitiers avaient assisté à l’effet inverse. La guerre en Ukraine d’abord puis la sécheresse de l’été avaient réduit l’offre en lait sur le continent, et les prix d’achat avaient atteint des sommets (près de 60 cents/l). Au point, comme s’en félicitait le LBD que les charges des exploitants pouvaient enfin être compensées par les recettes des ventes de lait.

L’euphorie a viré à la crainte alors que les éleveurs doivent aussi faire face à l’augmentation de leurs frais en raison de l’inflation. Alimentation du bétail, énergie, intrants pour l’herbage : tout grimpe alors que les revenus baissent. L’effet ciseau pourrait être redoutable pour la profession.

D’où cet appel de la fédération luxembourgeoise à ce que les fermiers diminuent vite leur production. ce qui pourrait influencer favorablement le cours du lait. Et comme une baisse des recettes il y aura en diminuant le nombre d’hectolitres produits, le Luxembourg daily board estime que le gouvernement luxembourgeois pourrait mettre en place une compensation financière. Histoire de limiter les pertes.

Pareille mesure n’aurait d’ailleurs rien d’inédit au Grand-Duché. Déjà en 2018, la mesure avait été appliquée sur un trimestre. Sauvant quelques exploitations agricoles fragilisées. Rien ne dit pour l’heure que le ministre de l’Agriculture, Cklaude Haagen, accédera à cette demande.

 

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