Considéré comme un trouble de la perception, l’anosmie touche chaque année des millions de personnes dans le monde. Avant l’apparition de la pandémie Covid en 2020, on pensait qu’elle ne pouvait résulter que d’une infection virale, telle que le rhume ou la grippe, pouvant endommager les nerfs olfactifs dans le nez.

Dans d’autres cas, elle peut aussi être la conséquence d’une maladie neurologique, telle que la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques, qui affecte les voies olfactives dans le cerveau. Les effets secondaires de certains médicaments, tels que les antibiotiques et les médicaments contre le cancer, peuvent également causer une perte olfactive.

Plus de 30 000 personnes touchées au Luxembourg

Si l’anosmie était peu connue jusqu’en 2020, l’arrivée du Covid-19 a au moins eu le mérite de donner un sérieux coup d’accélérateur aux recherches menées autour de ce trouble. Au Grand-Duché, les scientifiques estimaient, un an après l’apparition de la pandémie, que plus de 30.000 personnes souffraient ou avaient souffert d’une perte partielle ou totale de l’odorat.

Plusieurs études indiquant par ailleurs que les premiers variants du Covid entraînaient la perte de l’odorat dans un peu plus de la moitié des cas, on peut imaginer que ce nombre de 30.000 pourrait en réalité être largement sous-estimé.

En France, on estimé à 5% le taux de malades ayant conservé une absence d’odorat plus de six mois après le Covid, tandis qu’en Belgique, « 28% des patients gardent un déficit de l’odorat sur le long terme, c’est-à-dire un déficit chronique, deux ans après l’infection », affirme le professeur Jérôme Lechien, professeur à l’UMONS et chirurgien ORL à l’hôpital Epicura de Mons.

Entre danger et désagréments

Si ne plus sentir les odeurs peut paraître comme une contrainte relative, au quotidien ce handicap peut toutefois entraîner de nombreuses complications dans moult situations. C’est le cas par exemple en couple lorsqu’un des deux partenaires ne peut plus se rendre compte s’il a mauvaise haleine ou non, ou encore les frustrations répétées de ne plus parvenir à sentir et apprécier les aliments lors des repas.

Plus grave, la perte d’odorat peut en outre être à l’origine d’une réelle mise en danger pour la personne en étant victime, comme ne pas sentir l’odeur du feu lors d’un départ d’incendie, ou encore l’odeur du gaz ou même un aliment avarié (même si visuellement intact).

Pas de traitement mais une recherche qui progresse

Malheureusement à ce jour, il n’existe pas de traitement jugé pleinement efficace contre l’anosmie. Cependant, cette Journée mondiale du 27 février est l’occasion de rappeler que la recherche médicale a largement progressé, en particulier depuis l’apparition du Covid-19.

Pour les personnes souffrant d’anosmie à long terme (le symptôme disparaissant en moyenne au bout de quatre semaines pour les positifs au coronavirus), une rééducation olfactive peut être envisagée. Elle consiste à faire sentir de manière répétée aux anosmiques des odeurs connues et assez fortes, comme le clou de girofle, des agrumes, la rose afin de stimuler les capteurs/récepteurs olfactifs… Une rééducation souvent longue (trois à six mois environ) et qui exige la plus grande assiduité.

Cependant, un nouveau traitement, dévoilé tout récemment par le professeur Jérôme Lechien, retient toutes les attentions des personnes touchées par l’anosmie. Appelée PRP (pour « Platelet Rich Plasma), la technique du spécialiste (initialement mise au point aux États-Unis) consiste « à prélever dans les veines du patient son sang. Après l’avoir centrifugé, on conserve alors ses plaquettes. Le concentré de plaquettes est ensuite réinjecté via une seringue dans la partie haute du nez, où se trouvent les récepteurs qui ont du mal à se régénérer », détaille le professeur Lechien à nos confrères de la RTBF. « En injectant ce concentré, on favorise la régénération et les gens récupèrent ainsi plus vite l’odorat. »

Efficace dans 80 % des cas, le PRP constitue donc un espoir sérieux pour de nombreux anosmiques impatient de retrouver l’odorat. En attendant, ces derniers ont la possibilité de se rapprocher de l’association anosmie.org qui leur est dédiée. En France, en Belgique ou au Luxembourg, plusieurs référents sont disponibles pour eux.

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