Avec la réduction du temps de travail, le devenir de l’index devrait être l’un des sujets de campagne pour les législatives de cet automne au Luxembourg. Le mot est dans tous les esprits, et… dans toutes les bouches surtout. Dernier à avoir abordé le sujet : Carlo Thelen. Et le président de la Chambre de commerce de suggérer trois adaptations.

Et cette déclaration,à ce moment précis, n’a rien d’innocent. Elle intervient d’abord juste après l’annonce du Statec que 2023 devrait se conclure par le déclenchement d’un 3ème index. Ensuite, la Chambre prend position alors que l’ensemble des partis politiques affinent leurs propositions à huit mois d’un scrutin qui désignera de nouveaux députés et donc… un nouveau gouvernement.

Plutôt que de changements, Carlo Thelen emploie le terme de “modulation” quand il évoque les souhaits de la Chambre de commerce sur l’index. Selon lui, les « trois piliers » sur lesquels le Luxembourg devrait s’engager sont :

  • une indexation par an maximum
  • une indexation dégressive à partir de 4 fois le salaire médian
  • une indexation basée sur un “panier durable”

Trois choix qui vont donc à l’encontre de la règle actuelle qui veut que, primo, le dispositif s’applique primo autant de fois que nécessaire. Secundo de la même façon pour tous les salariés et retraités. Tertio selon un mode de calcul défini.

Mais ce sont là aussi des choix qui font écho à ceux déjà avancés par l’Union des entreprises luxembourgeoises. Une UEL qui, comme Carlo Thelen, estime le système actuel « pervers pour les bénéficiaires et pénalisant pour les sociétés ».

Alors que le Premier ministre Xavier Bettel vient d’inviter les partenaires sociaux à se retrouver pour une tripartite « dans les semaines à venir », nul doute que le pavé jeté dans la mare par Carlo Thelen va causer du remouds.

«Ces tensions qui finiraient par avoir la peau de l’index»

Côté OGBL, on reste fermement attaché à l’index tel qu’il est. Et la présidente du 1er syndicat du pays de rappeler : « Nous sommes opposés strictement à tout report, plafonnement et manipulation du panier de l’index ».

Pour Nora Back, la proposition de distinguer un taux d’augmentation systématique en fonction du niveau de salaire, comme souhaité par le patronat, « est un leurre de mesure sociale (…) Aujourd’hui, le système est universel. Et même si on peut estimer qu’il profite aux plus riches, je ne veux pas d’un autre mode » .

Aux yeux de l’OGBL, une question se pose en cas de plafonnement : où fixer les montants de revenu déclenchant tel ou tel niveau de compensation de la hausse des prix ? « Je ne vois là qu’une façon de d’assurer des crispations entre les bas salaires et la classe moyenne. Ces tensions qui finiraient par avoir la peau de l’index ! »

Pas logique pour le patronat

Côté LCGB, on rappelle que l’index n’a pas pour vocation à être un “outil de justice sociale”. Selon le syndicat mené par Patrick Dury, « les conventions collectives, les barèmes fiscaux et les grilles salariales sont cet outil ».

Pour son président, si plafonnement il y a, les grands profiteurs seront les employeurs de secteurs à hauts salaires. Car ils auront moins à débourser à chaque index. Le syndicat a d’ailleurs déjà dénoncé « ceux qui, dans le secteur financier, plaident pour une réforme de l’index en temps de crise. Ils se trompent de combat car ils privilégient les actionnaires, non les travailleurs ! »

A l’UEL, voilà déjà des années que l’on plaide pour un toilettage complet de l’index. Et histoire d’attiser la discussion, angéliquement (?), on note : « Nous ne trouvons pas logique que l’indexation augmente de 550 euros le salaire d’une personne au salaire minimum alors qu’une personne au plafond cotisable (11.000€) verra son salaire augmenter de 3.300€. De ce fait, ce système d’indexation accroît les inégalités sociales ».

Une chose est sûre : le débat n’empêchera pas l’index de bénéficier aux retraités et actifs du Luxembourg d’abord à la fin de ce mois de février, puis fin avril. Belote, rebelote et dix de der attendu pour la fin 2023. Sauf que pour cette fois, c’est l’Etat seul qui compensera la hausse de systématique de +2,5% des revenus, traitements et pensions.

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