Le congé paternité réduit le risque de dépression chez les papas
Publié
par
Aymeric Henniaux
le 06/01/2023 à 06:01
C’est un fait connu de longue date : l’arrivée d’un enfant est un bouleversement majeur au sein d’un foyer. Entre fatigue accrue, nouveau rythme, nouvelles priorités voire stress médical si le bébé a quelques soucis de santé, les nombreux changements du quotidien accompagnant l’arrivée d’un nouveau-né peuvent entraîner, chez certains couples, l’apparition d’épisodes de déprime.
Dans certains cas, il est même question d’une dépression, appelée dépression post-partum, touchant les mamans (deux mères sur dix en sont victimes) mais également les pères (un sur dix en souffre).
Le congé paternité pour diminuer les risques
L’Inserm (l’Institut national de la santé et de la recherche médicale) s’est penché sur ce phénomène de dépression post-partum en s’intéressant plus particulièrement à son impact sur les papas.
Pour ce faire, les chercheurs se sont basés sur les données compilées dans l’étude de cohorte Elfe (« étude longitudinale française depuis l’enfance »), suivant la vie de Françaises et de Français depuis l’enfance et jusqu’à l’âge adulte. 10 000 couples (11 000 pères et 13 000 mères) participant à cette étude ont servi de « support » à l’Inserm pour ses recherches.
« Chaque couple participant à l’étude a indiqué si le père avait pris ou avait l’intention de prendre un congé paternité. Deux mois après la naissance de l’enfant, les participantes et participants ont renseigné un questionnaire permettant d’évaluer si elles ou ils souffraient de dépression », détaillent ainsi les chercheurs de l’Inserm.
Et l’une des premières conclusions est sans appel : la prise du congé paternité diminue concrètement le risque de dépression chez le père de famille. Jusqu’à 21 % de risque en moins pour les papas ayant pris leur congé paternité dans les deux mois suivant la naissance, et moins 15 % chez ceux ne l’ayant pas encore pris mais ayant bien l’intention de le faire dans les quatre mois. À noter à l’inverse que les femmes dont le partenaire a utilisé son congé paternité ont, elles, davantage de risque de déclencher une dépression.
Pourquoi prendre son congé paternité peut faire diminuer les risques ?
Afin d’expliquer cette « tendance » donnant un meilleur moral et une meilleure santé mentale aux pères ayant profité de ce congé légal, Maria Melchior, directrice de recherche à l’Inserm formule plusieurs hypothèses, reprises par nos confrères de France Info.
« La prise de ce congé contribue à une relation affective plus forte avec l’enfant et ce, dès les premières semaines après la naissance. » En outre, pour le papa, « bénéficier d’un congé rémunéré est aussi une forme de reconnaissance sociale de son nouveau rôle qui peut aider à faciliter la transition ». Enfin, la présence du père à la maison pendant ces premiers jours / premières semaines cruciaux / cruciales « améliore souvent l’ambiance familiale en réduisant certaines tensions liées au nouveau rythme ou au manque de sommeil ».
Dans la Grande Région, c’est la France qui est la plus généreuse pour les pères de famille, l’État leur octroyant (depuis 2021) 25 jours de congés, contre 11 jours auparavant. En Belgique également, un récent changement a eu lieu : depuis le 1er janvier dernier la durée de ce congé est passée à 20 jours contre 15 jours avant.
Enfin, il s'avère que c'est que au Luxembourg que les pères profitent le plus du congé paternité qui leur est proposé. D'après les chiffres de l'OCDE compilés par l'institut Statista, 95 congés paternités sont ainsi pris sur 100 naissances dans le pays. Le Grand-Duché devance les Pays-Bas et la Slovénie (respectivement 91 et 90%).
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