Sam, serveur au Luxembourg, mais plus de vie privée
Publié
par
EddyThaux
le 25/02/2022 à 17:02
En juin 2019, Sam regarde ses résultats et comprend qu’il doit refaire sa première année de fac. Un ami lui parle d’un restaurant connu au Luxembourg qui recherche des serveurs tout de suite. Sam prend contact avec le restaurateur et ressort avec un CDI de 40h par semaine au salaire minimum. Il décide d’arrêter ses études qui de toute façon ne lui conviennent pas du tout.
Entre salaire et indépendance, une nouvelle aventure commence
Il découvre le métier, difficile au début, mais très vite, il se réjouit de son premier salaire, de son indépendance…. En mars 2020, au premier confinement il est comme beaucoup, à la maison au chômage partiel. A presque 20 ans, privé de sortie, de travail, d’activité… il s’ennuie mais n’a qu’une hâte, reprendre son travail.
Tout ou presque, rentre dans l’ordre à la reprise de son emploi, mais fin 2021, il enchaine les journées de travail très longues. Il n’est pas rare qu’il termine après minuit et le temps de rentrer chez lui à Metz, la fatigue et le manque de vie privée pèsent sur son moral.
Connaître les salaires des serveurs au Luxembourg avec le salairoscope
Un rythme infernal et pas de temps pour la vie privée
Sam nous raconte : « Je partais à 9h pour prendre mon service à 10h jusque 15h quand ce n’était pas 15h30. Je n’avais pas le temps de rentrer et ça coûtait cher aussi en frais de carburant, alors je restais à errer dans les rues jusque 18h pour finir souvent après minuit, le temps de remettre les tables en place, il m’arrivait de rentrer chez moi vers 1H30-2H du matin. Les dernières semaines, il y avait pas mal de personnel absent à cause du Covid et mon patron me demandait de faire plus d’heures et de venir tous les week-end. On se retrouvait souvent à faire le travail de deux personnes. J’avais l’impression de ne faire que ça. Les jours où je ne travaillais pas, j’étais tellement crevé que je passais ma journée à dormir.
J’avais un contrat à 2 300 € brut, ce qui faisait à peu près 2 000 € net. Les pourboires étaient bien aussi. On pouvait se faire entre 300-400 € en plus par mois ».
Un patron et des clients exigeants
Globalement ça se passait bien au travail, mais les clients souvent pressés étaient exigeants. Son chef, professionnel mais toujours autoritaire, ne laissait rien passer. Sam a commencé à se sentir de plus en plus mal, entre le travail, la pression, le manque absolu de loisirs, il décide fin janvier 2022 de donner sa démission.
Aujourd’hui, il est agréablement surpris par le nombre d’offres d’emploi, mais il prend son temps car ses exigences à lui ont changé. Il ne fera plus de concession sur un minimum de vie privée, donc de loisirs. Il veut avoir au moins deux week-ends par mois de libre et des horaires plus « normaux », comme il dit.
Hôtellerie-restauration, comment faire revenir les salariés ?
Mardi dernier, France Inter consacrait son émission intitulée Hôtellerie-restauration, comment faire revenir les salariés ?, animée par Fabienne Sintès.
Parmi les propos évoqués, on peut retenir notamment : Il n’y a pas que les salaires qui comptent, mais la qualité de vie aussi. La pandémie a été un catalyseur et a provoqué de nouvelles négociations. On ne repartira plus comme autrefois. Il faut rendre compatible la vie personnelle et la vie professionnelle.
Sébastien, un auditeur témoigne : « Je suis chef de cuisine depuis 2007, c’est un travail d’abnégation de 13h à 15h et de 18 à 23h. Patrons rarement agréables. Des cadences infernales. Les patrons vous gueulent dessus.
Les restaurateurs n’ont pas besoin de diplômes pour ouvrir un restaurant, comme les plombiers par exemple ».
Il a fini par arrêter, trop de pression.
Olivier Guivarch, Secrétaire général de la CFDT Services (France) : « Les horaires sont difficiles : 28% pensent que c’est difficile d’avoir une vie personnelle. Les salaires sont trop bas. Sentiment d’être mal payé. Mais un sentiment d’être utile et qui d’aimer son métier ».
Combien de salariés ne sont pas revenus après les confinements ?
En France, on parle de 100 000 à 120 000 personnes qui ne sont pas revenues et qui ont quitté le secteur de la restauration et de l’hôtellerie (1,2 millions). Des salariés découragés. Au Luxembourg, ils sont aussi très nombreux à avoir cesser leur emploi.
Beaucoup de professionnels ont revu leur organisation et leur offre face aux salariés.
La pénurie de main d’œuvre est récurrente dans ce secteur
Aujourd’hui la nouvelle génération a une idée de la profession différente. Certes, le travail est important mais se garder du temps pour sa famille et ses loisirs est une condition de plus en plus impérative.
Des revendications sont sur la table en France, avec les différents syndicats et professionnels, comme un 13ème mois, la majoration des heures supplémentaires, un week-end sur deux non travaillé. Des jours consécutifs non travaillés.
Didier Chenet, Président du syndicat hôtelier GNI-HCR explique que tout n’est pas possible comme le 13ème mois car il faut trouver un équilibre avec la sortie de la crise. En revanche, des revendications sont sur la table comme rendre la vie professionnelle et privée compatible. Le repos hebdomadaire, le travail de nuit, le repos le week-end….
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