Miranda : « J’arrivais au Luxembourg le visage tuméfié »
Publié
par
Chrystelle Thevenot
le 16/08/2021 à 06:08
Miranda, 50 ans est frontalière française. Elle travaille dans le secteur l’hôtellerie depuis près de 25 ans. Elle a acquis, au fil du temps, une relation particulière avec le Grand-Duché. Son travail, dans un milieu multiculturalisme, lui a permis de sortir de bien des galères de la vie notamment « des coups et de la violence de son ex-époux ».
La mort au bout du chemin
Des collègues sympas, une DRH compréhensive l’ont aidée à mettre le mot fin à des années de maltraitance. Elle aurait « pu y rester » mais elle a fait le choix de s’entourer et de s’appuyer sur son environnement personnel et professionnel pour « sortir la tête de l’eau ».
Six ans après, Miranda est une femme « épanouie ». Si elle s’est inscrite aux cours de self-défense enseignés par la police Grand-Ducal, c’est pour que « plus jamais personne ne pose la main sur moi ». Enfin, à ceux qui se plaignent « sans cesse pour tout et pour rien », Miranda répond « qu’il y a bien plus grave dans la vie ».
« Le bonheur est dans le travail »
Diplômée du lycée hôtelier à Strasbourg, Miranda part à 20 ans parfaire son anglais sur l’île de Guernesey. Une expérience qui lui servira à décrocher un poste au Luxembourg. Elle travaille dans le même établissement depuis 25 ans. Agent de réservation, standardiste …Elle est polyvalente même si parfois elle regrette que le secteur du tourisme ne paie par forcément bien au Luxembourg. Son seul regret.
Elle gagne 2 300 euros net par mois et bénéficie d’avantages en nature notamment la possibilité de voyager en Europe dans les établissements du Groupe pour lequel elle travaille. Un métier riche « qu’elle aime par dessus tout ». Elle est en contact avec une clientèle internationale et des collègues frontaliers qui sont « devenus des amies ». Elle aime le Luxembourg pour sa rigueur et la diversité des gens que « l’on peut y rencontrer ».
Cicatrices au visage, des bleus sur le corps
Un cadre professionnel riche qui va lui permettre de combattre une vie privée « désastreuse rythmée par la jalousie et la possessivité d’un mari maltraitant et pervers ».
Elle viendra au travail avec des cicatrices sur le visage et les jambes, des brûlures de cigarettes sur ses pieds suite à des « disputes qui en finissent aux mains ». Et pour l’humilier encore plus, son ex-mari lui rasera, un jour, la tête afin « qu’elle ne plaise à personne sauf à lui ».
Jusqu’au jour où, Miranda, fatiguée et épuisée, s’enfuira du domicile pour se réfugier sur son lieu de travail au Luxembourg : « C’était le coup de trop. J’ai dit à mon employeur que je voulais sortir de cette situation. La DRH de ma société m’a accompagnée » se souvient-elle encore émue se répétant inlassablement : « Ne t’apitoie pas sur ton sort et mets tout en œuvre pour être heureuse ».
Elle a pu compter sur son employeur
Sans son employeur, Miranda aurait eu du mal à « redresser la tête ». A ce moment chaotique de sa vie privée, la jeune femme s’est rendue compte de la « solidarité » au sein de l’entreprise et de la chance qu’elle a eu d’être soutenue : « Il faut comprendre que j’étais coupée de tous liens avec ma famille. Je me suis retrouvée isolée et seule. Un mécanisme qui se met en place au fil des années. Tu ne peux le voir que si tu te sors de cet engrenage toxique et détruisant ».
Oui, laissez sa vie privée devant la porte de l’entreprise, Miranda adhère à cette philosophie. En revanche, les histoires personnelles peuvent être parfois si dramatiques qu’elles peuvent déborder sur une vie professionnelle. Quelque fois. « On sourit toujours et encore jusqu’à ce qu’un bleu vienne se poser sur le coin de la lèvre » souligne-t-elle.
Et comme les contes de fée, l’histoire de cette frontalière française finira au bras d’un conjoint désormais compréhensif et bienveillant. Pour le reste, Miranda prépare une autobiographie pour les femmes qui comme elle croiseront un jour sur leur chemin un être « malveillant ».
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