Suzy : “Mon employeur au Luxembourg ne prend pas en charge mon carburant”
Publié
par
Chrystelle Thevenot
le 30/03/2021 à 06:03
3 commentaires
Ils sont agent de sécurité ou de maintenance, secrétaire commerciale, technicien d’environnement, éducatrice, sage-femme… Ce sont des frontaliers belges ou français qui font des centaines de kilomètres sur la route pour se rendre sur leur lieu de travail au Grand-Duché.
Fier d’avoir une voiture de fonction
Les plus proches font en moyenne plus de 100 kilomètres par jour, les plus éloignés comme Sébastien, responsable d’études roule plus de 250 bornes. Lui, a la particularité d’avoir une voiture de fonction suite à une promotion.
Raphaël, technicien d’environnement vit en France. Avec 96 kilomètres au compteur par jour, il se dit, lui aussi chanceux puisqu’il a une voiture de fonction, une citadine Mercedes Class A et une carte essence : « Sans ces avantages en nature, note-t-il, je ne serais pas venu au Luxembourg ».
Les employeurs au Luxembourg ne cèdent pas si facilement sur le prêt de véhicule aux salariés qui vivent loin du Grand-Duché, ni d’ailleurs sur le remboursement des frais de stationnement. C’est sous certaines conditions : « Mon entreprise ne prend pas en charge mes frais de déplacement. C’est à ma charge. Je le savais au moment de mon embauche » tempère Suzy, frontalière française, secrétaire médicale depuis deux ans et demi. Elle effectue 200 kilomètres aller-retour par jour.
Les allocations et le salaire, ça fait tout
Ont-ils des points communs ? Tous avouent venir en priorité pour le salaire, plus élevé que dans leur pays d’origine : « Mon salaire est deux fois supérieurs à la France et je bénéficie des allocations familiales pour quatre enfants. Comme je suis maman célibataire, c’était le seul moyen pour moi d’avoir une vie décente. En France avec quatre enfants le mieux et de vivre aux crochets de la société. Mon niveau de vie a quasiment triplé » se félicite Suzy.
Indéniablement, pour les frontaliers qui sont parents, les avantages de la Caisse nationale des prestations familiales au Luxembourg doublent leur motivation : « De tels avantages n’existent qu’au Luxembourg. Le complément des allocations familiales, c’est plutôt sympa » explique Laurent, agent de maintenance.
Quoique, de nombreux salariés reconnaissent aussi que le salaire ne fait pas tout : « Faire des kilomètres pour s’ennuyer dans un poste, il faut être un peu fou » reconnaît Raphaël. La cadre de travail est aussi un moteur « pour avaler des kilomètres » par an : « Le Luxembourg est un pays dynamique et multiculturel avec des installations haut de gamme en perpétuel développement…. Il se situe au milieu de tout avec des axes autoroutiers menant vers l’Allemagne, la France et la Belgique. C’est un exemple de vivre et de travailler ensemble » rappelle-t-il.
Frontaliers éloignés, frontaliers retardés ?
Frontaliers éloignés, frontaliers plus en retard. C’est, selon eux, une fausse idée, bien au contraire : « Je ne suis jamais arrivé en retard à mon travail. Certains de mes collègues habitent à la frontière et en empruntant les petites routes, ils mettent parfois plus de temps. Une fois que je suis sur l’autoroute, c’est tout droit » s’amuse Sébastien.
Ce jeune homme de 26 ans est responsable d’études depuis 4 ans à Schifflange. Il fait 250 kilomètres tous les jours puisqu’il vit à Nancy. Lors de son entretien d’embauche, il note que le sujet de la distance entre son lieu de résidence et son travail a été abordé par son employeur : « Dans mon cas, mon employeur m’a ouvertement demandé si je n’allais pas m’user à faire tous ces kilomètres par semaine. En 4 ans de route, j’ai tout mis en place pour satisfaire la confiance de mon patron. C’est du gagnant-gagnant » se souvient-il.
Et le budget…
Pour faire des kilomètres, il faut une bonne voiture si possible un diesel. Une option choisie par l’ensemble de ces frontaliers pour des raisons financières, tout simplement. Sébastien de Nancy dépense 350 euros de diesel par mois. Il évoque un avantage supplémentaire grâce à sa classe d’imposition qui lui permet de bénéficier d’une aide gouvernementale pour son transport d’un montant d’environ 215 euros : « Mes allers-retours au Luxembourg me reviennent à 135 euros d’essence » .
Suzy, a calculé que sa note de carburant lui coûtait 300 euros : « Une somme à prendre en compte au moment de la négociation de ton salaire » confirme-t-elle.
Sébastien, frontalier français, est agent de sécurité. Il fait près de 180 km aller-retour avec sa Ford Kuga diesel et fait un plein de 250 euros par mois.
Faire des bornes, oui, mais pas à n’importe quel prix ! Et justement le faible prix du carburant au Luxembourg est un atout pour ces frontaliers « au long cours ».
Se rapprocher du Luxembourg, pas vraiment
Il est temps de l’avouer. Ils ont eu tous plus ou moins eu l’envie, un jour, de s’installer au Luxembourg. Mais voilà, acheter un bien dans le pays, c’est impossible, selon eux : « D’ailleurs, je ne sais pas si le pays accepterait de voir s’installer sur leur territoire, tous ces milliers de travailleurs. Les prix élevés de l’immobilier, c’est dissuasif » remarque Thibaut, 25 ans, frontalier belge, fier de ne faire que 60 km aller-retour pour se rendre sur son lieu de travail.
Se rapprocheront-ils un jour de la frontière ? Certains y songent. D’autres, non : « Quand tu vois les maires des communes frontalières réclamaient sans cesse de l’argent au Luxembourg en compensation de l’accueil des familles de salariés. Je me dis parfois qu’être loin du Luxembourg, c’est être aussi loin des guerres de clochers » précise Séverine, 48 ans, sage femme, frontalière française. Avec des horaires décalés, elle parcourt tous les jours 150 kilomètres : « Je fais des bornes et je me plains pas. Ces quelques heures passées dans ma voiture me permettent de décompresser, de penser à autre chose. Quand j’arrive chez moi, le travail est derrière moi ».
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Lire Ignacio, frontalier : “Je suis un travailleur pauvre au Luxembourg “
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Luxouriant
Procto, si tu ne sais pas quoi en faire de ta voiture de leasing, je suis preneur :-)
moi qui est connu les deux scenarios, quand je vois ce que coute une voiture privee, je ne serais pas contre me faire capturer :-)
bon faut prendre une petite caisse Procto ( genre EUR 20k), ou une grosse electrique, la on descend a un avantage en nature de 350 EUR, soit 100 EUR en moins sur le salaire. Il faudrait qu'u mateux fasse le calcul mais de tete, je pense que c'est mieux que mes 250 eur/mois rien qu' en carburant :-)
De plus, aussi loin que je me souvienne, le montant de frais de deplacement n'a plus bouger depuis que l'EURo est en place, soit plus de 20 ans.... ce serait bien de reviser ce montant (a la hausse)
Proctolog
La voiture de fonction n'est pas la panacée.
Cela rend captif l'employé.
Certaines sociétés n'hésitent pas à faire reprendre le leasing à l'employé en cas de départ.
Ensuite il faut voir le cout du leasing sur le long terme, 1.5% du prix de la voiture cela fait en moyenne entre 450 et 550 euros en moins sur le salaire (environ 26000 euros sur 4 ans).
Luxouriant
Au luxembourg, pour mes 35km de distance je suis au forfait max de EUR 2,574 annuel et qui sont deductible de mes revenus.
Pour la meme distance en France, je pourrais deduire EUR 6,775 en tant que frais reel.
je ne fait pas de comparatif bien sur, je prefere 100x le Luxembourg mais je trouve dommage que le forfait frais reel Lux ne soit pas du tout en adequation avec la realité. Avec EUR 2,574 je couvre juste mes frais de carburant pour 8 mois.... et du coup je ne peux deduire aucunement mes vrais frais de deplacement tel que l'usure/l'assurance/l'entretien de mon vehicule.
Malheureusement pour moi, je n'ai pas de vehicule de fonction, et ma localisation ne me permet pas de prendre le train. tant mieux a ceux qui ont voiure de fonction ou peuvent prendre le train.